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ANALYSESeucken. — Geschichte der phil. Terminologie.

fique est développée (V. Resp. secundæ). La distinction de distinguere et de abstrahere est établie comme essentielle (Lett. en rép. aux 5 object., p. 48). La doctrine des catégories se transforme radicalement. Substance, attribut, mode, en forment les éléments simples. Le concept de qualité, dans le sens traditionnel, est au contraire vivement attaqué (V. ép. II, 116).

« Dans la conception fondamentale de Dieu, la distinction de l’infini et de l’indéfini a une haute importance. L’infini est pris par lui dans le sens non quantitatif, de sans fin, mais positif, d’être pur, illimité, antérieur à toute détermination particulière. Ainsi est formulée et prend corps une des conceptions les plus importantes de la philosophie moderne. Il y a plus, et ceci peut être regardé comme caractéristique, Descartes défend avec une grande énergie la définition, par lui admise et fortement combattue par ses adversaires, de Dieu comme causa sui.

« Dans le domaine spécial de l’esprit, nous trouvons l’expression moi (De meth. : Ego hoc est mens). Si le terme cogitare est peu soumis à une analyse précise, il n’est pas moins significatif que, en lui, est comprise toute l’activité consciente de l’esprit (Princip., I, 9). La vie de l’âme est ramenée à une activité fondamentale. Dès lors naît le besoin d’une expression désignant le premier et simple contenu de cette activité. Le mot idée, qui est voisin, ne peut plus combler cette lacune. Une conséquence naturelle est que les divisions traditionnelles de l’âme en forces réellement différentes seront jetées par-dessus le bord. Il n’y a plus de place pour une distinction entre l'esprit et l’âme.

« La terminologie de la science de la nature doit à notre philosophe d’avoir élevé l’expression de mécanique à la désignation d’une explication spécifique de la nature. Le moyen âge s’était arrêté à la signification donnée d’abord par Aristote ; Bacon en élargit le sens ; mais maintenant l’analogie de la mécanique est transportée à la nature entière. Là, comme ici, c’est par l’adaptation des petites parties que se produit l’ensemble. Ce qui distingue seulement la nature de l’art, c’est que celle-là dans ses œuvres se sert d’instruments beaucoup plus délicats et non plus sensiblement perceptibles.

« Si donc, dans beaucoup d’endroits, les pensées nouvelles arrivent à trouver une expression qui leur corresponde, il en est cependant beaucoup d’importantes qui restent sans empreinte fixe : ainsi, pour n’indiquer qu’une seule, l’idée d’un développement mécanique qui ici apparaît pour la première fois. Dans d’autres endroits, le nouveau est confondu avec l’ancien, d’où naturellement naissent des équivoques et des obscurités au sein du système, comme des malentendus pour ceux qui se trouvent en dehors. Il en est ainsi par exemple de l'idée de Dieu, qui, pour la philosophie cartésienne, est d’une importance fondamentale, puisque, par elle seulement, il est possible d’assurer aux résultats de la pensée une parfaite certitude et une valeur universelle. Dans cette idée se confondent l’ancienne conception éthico-théiste et la nouvelle conception panthéiste et ontologique. Les preuves se rap-