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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Spinoza. — Traité de Dieu, de l’Homme et de la Béatitude, traduit pour la première fois en français, et précédé d’une introduction, par P. Janet. (Germer Baillière, 1878.)

Ce petit ouvrage fait partie du supplément aux œuvres de Spinoza, publié en 1862 par M. Van Vloten, qui contient en outre quelques lettres inédites et le Traité de l’arc-en-ciel, que les éditeurs des Opera posthuma n’avaient pu retrouver et supposaient brûlé par l’auteur.

Nous possédons deux manuscrits du traité de Deo et Homine que M. Janet vient d’avoir l’heureuse idée de faire connaître au public français, et l’authenticité n’en est pas douteuse, malgré la singularité d’une découverte aussi tardive. Nous avons bien là cette première rédaction de l’Éthique, dont la Bibliothèque des anonymes de Mylius mentionnait l’existence. Mais si les deux manuscrits sont en hollandais, contrairement à l’assertion de Mylius ils ne sont que des traductions : l’original était en latin : l’un des copistes prend soin de nous en avertir, et les latinismes du texte hollandais, au dire des éditeurs, témoignent qu’il dit vrai.

Outre l’édition hollandaise avec traduction latine, assez négligée, de M. Van Vloten, il existe du traité de Deo et Homine deux traductions allemandes, de M. Schaarschmidt et de M. Sigwart ; celle-ci est faite sur le texte établi dans un savant travail par M. Van der Linde. Elle dénote, au dire de M. Janet, qui s’en est servi pour faire la sienne, beaucoup d’exactitude et de sagacité philosophique ; l’édition française dont nous avons à parler n’est pas non plus au-dessous de cet éloge. Elle se compose d’une introduction, résumé critique de l’ouvrage, de la traduction, et de notes concises qui expliquent le texte. Elle contient donc trois espèces de notes, celles de M. Janet, quelques-unes de M. Sigwart translatées par lui, et les notes du texte hollandais, généralement plus embarrassantes que ce qu’elles expliquent. Un certain nombre d’ailleurs sont d’une authenticité contestable.

Cette question d’authenticité est la première qui se pose pour l’ouvrage lui-même, mais les raisons de la trancher affirmativement sont décisives. Sans aucun doute, les intimes de Spinoza avaient eu connaissance du Traité de Dieu et de l’homme, puisqu’il l’avait écrit à leur intention : la dernière page en témoigne. S’ils ne l’ont ni retrouvé