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2o Une lésion entre le centre auditif et la troisième circonvolution, c’est-à-dire intéressant les connexions de ces deux parties, sera suivie d’une « erreur dans les mots », mais qui sera consciente pour le malade.

3o La lésion de la troisième circonvolution produira l’aphasie simple, où le malade comprend ce qu’on lui dit, sait ce qu’il veut dire, mais ne peut parler.

4o Des malades peuvent perdre la mémoire des mots tout en restant capables de construire une proposition. Ainsi un homme pouvait dire : « Oh ! oui, je suis beaucoup mieux que la dernière fois que je vous vis, » et ne pouvait prononcer les noms même les plus habituels.

5o D’autres ne peuvent faire une proposition tout en conservant la mémoire des mots.

Nous avons vu que le malade dont nous avons résumé l’observation ne pouvait « propositionner ». Ces faits montrent donc que l’on est au moins autorisé à admettre l’existence de deux centres en partie indépendants, l’un pour « nommer », l’autre pour « propositionner ».

6o Quand le malade ne peut nommer une chose, une lettre, un mot qu’il voit, il est probable que les liens qui réunissent le centre visuel au centre « pour les mots » sont intéressés.

7o Il en est de même, mutatis mutandis, en ce qui concerne le centre auditif.

Comme on le voit, les altérations du langage sont complexes ; on a le tort de les réunir sous le terme vague d’aphasie, et c’est par suite de cette confusion que beaucoup de médecins localisent à tort tous les troubles du langage dans la troisième circonvolution frontale gauche.

La lecture et l’écriture viennent encore compliquer le problème.

Pour la lecture il doit s’établir des connexions, des associations nerveuses entre le centre visuel et le centre acoustique et plus tard entre le centre visuel et le centre « pour les mots ».

C’est encore sous la direction du centre visuel que l’on apprend à écrire. Mais, comme pour le langage, il y a un centre pour l’écriture, et ce centre est situé dans la troisième circonvolution frontale gauche ou près d’elle. Les centres pour le langage et l’écriture sont près l’un de l’autre. Le plus souvent, ils sont intéressés en même temps par la même lésion ; mais la maladie peut les dissocier.

Il nous reste maintenant à localiser ces centres dans le cerveau. On connaît les rapports de la troisième frontale gauche avec l’aphasie ; le centre des mots et le centre des propositions en sont probablement très-rapprochés. Toutefois le centre « nommant » serait plutôt dans la partie postérieure du cerveau, et le centre « propositionnant » à la partie antérieure. — Les centres auditif, tactile et visuel ont été indiqués par Ferrier, et Broadbent les admet provisoirement tels qu’ils ont été localisés par ce physiologiste.

Nous ne finirons pas cette analyse, déjà trop longue, en appliquant