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analyses.franck. Philosophes français et étrangers.

plutôt qu’un philosophe, pour finir par un philosophe plus digne de ce nom, par Benedetto d’Acquisto.

Benedetlo d’Acquisto, mort archevêque de Palerme en 1866, est, d’après M. di Grovanni et M. Franck, un des plus grands penseurs, non seulement de la Sicile, mais de toute l’Italie. La psychologie lient une plus grande place dans sa philosophie que dans celle de Miceli et de quelques-uns de ses disciples. On y reconnaît l’influence de Cousin dans ses Éléments de philosophie fondamentale, et celle de Miceli, plus ou moins dissimulée, dans son Système de la science universelle. Ce qu’il semble avoir surtout emprunté à Cousin, c’est la théorie de la raison impersonnelle. La raison, faculté souveraine et sublime, se développe, dit-il, dans l’âme, par l’effet du rapport interne qui l’unit à sa cause, c’est-à-dire à l’absolu, c Sans l’absolu, le nécessaire, l’éternel, l’immense, le conditionnel, le contingent, le temps et l’espace seraient incompréhensibles. Ces deux sortes d’idées sont inséparables dans notre intelligence, l’une ne précède pas l’autre ; elles sont corrélatives ; la connaissance les embrasse toutes deux à la fois. Son but, dans le Système de la science universelle, est de montrer l’enchaînement des causes et des effets, à partir de la cause première, de cette réalité absolue, de cette perfection souveraine, sans laquelle nous ne saurions comprendre le conditionnel et l’imparfait. Étant souverainement parfait, l’être premier est tout-puissant et nécessairement agissant. Pour échapper aux accusations dont Miceli a été l’objet, d’Acquisto distingue deux créations, l’une nécessaire, qui est la possibilité intrinsèque en Dieu, l’autre libre, qui est la manifestation extérieure de la puissance créatrice.

Quant à la réalité des créatures ou à ce qu’on appelait, dans l’ancienne philosophie, le principe d’individuation, il cherche à en rendre compte par la distinction de deux choses, au sein de l’acte créateur ou de la vie infinie, à savoir le produit même de l’acte, indéterminé, indéfini, et le concept défini, déterminé, qui le représente h l’intelligence divine. C’est dans l’union substantielle de ces deux éléments, dont l’un est la force, l’autre la loi, sans laquelle la force qui agit n’aurait ni direction ni but, qu’il fait consister l’existence propre et l’individualité de toutes les créatures, tandis que Miceli ne leur laissait en propre que la négation. Après avoir posé la force et l’intelligence, l’activité et la pensée, comme les conditions de toute existence particulière, il en fait une application, qui n’est pas sans intérêt et sans originalité, à l’âme et au corps, à l’homme et à l’univers, où tout, selon lui, est vie, force et mouvement. La même raison qui est "la loi de la création est la loi de l’homme ; de là ce principe fondamental de sa morale : Dieu veut dans l’homme son propre vouloir, moyennant le libre vouloir de l’homme.

Telle est l’esquisse du livre de M. Franck, dont nous n’avons fait que suivre fidèlement les traces. S’il y a profit à l’étudier pour les connaissances dont il enrichit parmi nous l’histoire de la philosophie, il n’y en a pas moins à se pénétrer de sa méthode, de l’esprit et des principes de