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analyses.franck. Philosophes français et étrangers.

qu’à l’imitation de Campanella, il répand la sensibilité dans toute la nature et croit reconnaître une vie latente jusque dans les minéraux. En psychologie, il admet une faculté commune à l’âme et au corps, qui est le principe de la vie et de toutes les fonctions organiques. Rosmini est un animiste comme Stahl, sauf cependant qu’il n’accorde à l’âme que le pouvoir de vivifier le corps et non de le fabriquer.

Gioberti, qui a joué un plus grand rôle dans la politique, est bien inférieur comme penseur à Rosmini, avec lequel sa métaphysique, qui n’a rien de bien original, présente quelque analogie. Il est encore plus célèbre par son livre sur la Primauté que par ses spéculations métaphysiques. Tous deux d’ailleurs placent le pape en tête de leur système de morale et de politique, com.me l’idée de l’être en tête de leur philosophie.

Après MM. Fiorentino et Ferri, c’est avec M. Vincenzo di Giovanni, professeur au collège national de Palerme, que M. Franck nous fait pénétrer dans une autre partie de l’histoire de la philosophie italienne. En outre de divers autres ouvrages d’antiquités, de littérature, en l’honneur de sa patrie, M. di Giovanni a publié une intéressante Histoire de la philosophie en Sicile depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours[1]. Que la Sicile, dès les temps anciens jusqu’à nos jours, ait été un pays de grande culture intellectuelle ; que, sous l’influence de la Grèce dans l’antiquité, de la scolastique et des Arabes du moyen âge et ensuite de la Renaissance, elle se soit montrée très-apte aux études psychologiques, cela est certain ; mais il ne s’ensuit pas qu’elle ait produit des œuvres véritablement originales et qu’il y ait eu, à proprement parler, une philosophie sicilienne, depuis Empédocle ou Gorgias de Leontium jusqu’à M. di Giovanni. La scolastique ou la philosophie péripatéticienne a été enseignée par les Jésuites jusque vers les premières années du xviiie siècle, époque à laquelle le cartésianisme pénètre en Sicile comme à Naples. Fardella, dont nous avons parlé assez longuement dans notre Histoire de la philosophie cartésienne, a vécu sur le continent ; il relève de Descartes, de Leibniz et de saint Augustin et n’est un philosophe sicilien que par sa naissance.

Nous connaissions Fardella, mais M. di Giovanni nous fait pour la première fois connaître Thomas Campailla, philosophe et poète cartésien, l’auteur du poème eu vingt chants de l’Adamo, où il expose, d’après Descartes, le système de l’univers. Désormais nous devrons faire place à Campailla à côté de trois autres poètes cartésiens, le cardinal de Polignac, Benoît Stay, secrétaire de trois papes, et de l’abbé Genest, les seuls dont nous ayons parlé dans notre Histoire.

Pour rencontrer un philosophe sicilien vraiment original, il faut aller jusqu’à la seconde moitié du xviiie siècle, jusqu’à Miceli. Non content d’être l’historien de Miceli, M. di Giovanni en est l’éditeur[2] et l’ar-

  1. Storia délla Filosofia in Sicilia da i tempi anlichi al Secolo XIX, 2 vol. in-12. Palermo, 1873.
  2. Il Miceli ovvero dell' ente, uno e reale ; dialoghi tre seguiti dallo spécimen scientificum Micelii, non mai fin qui stampato, 1 vol. in-12. Palerme, 1864.