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bien sûr si l’être en soi est une cause intérieure ou extérieure. Il n’est donc pas étonnant que Fichte ait écarté cette incertitude en prenant une direction décidément subjective ; pour lui, les choses sont des limites que le moi se pose et auxquelles il oppose un antagonisme actif, afin de remplir sa mission morale et parvenir à la liberté. Mais le moi de Fichte n’est plus le moi individuel de Kant, c’est le moi de l’univers, c’est l’intellect du monde, c’est l’absolu. Toutes les différences entre l’objet et le sujet disparaissent nécessairement dans cette conception du moi absolu ; et le système de Schelling n’est à son tour que le développement conséquent et définitif de ces idées. Lorsque Hegel parut, il n’eut plus qu’une seule tâche à remplir : celle de définir exactement la nature et la formation de l’absolu. — L’absolu, dit-il, c’est la pensée sans objet qui arrive par voie de transformation dialectique à la conscience de soi-même. « Herbart, observe Drobisch, a le mérite de s’être opposé énergiquement à ce courant idéal de la philosophie après Kant, et d’avoir développé les éléments de réalisme renfermés dans son système. » L’idéalisme ayant séparé complètement la philosophie des sciences fondées sur l’expérience, Herbart s’efforce de les réconcilier de nouveau ; c’est dans cette intention, ajoute Drobisch, qu’il a réformé les bases de la métaphysique. Kant en avait fait un système de formes, d’idées et de principes à priori, introduisant l’ordre et la régularité dans le domaine de nos sensations ; il y est parvenu par une analyse du savoir mathématique et mathématico-physique, soutenu par Wolf, dont il partage la distinction psychologique entre les facultés de la sensibilité et celles de l’imagination, de la raison, de l’intellect, comme données dans la conscience. Herbart se prononce nettement contre cette base psychologique ; il détruit la théorie des facultés de l’âme, pose les assises d’une psychologie nouvelle, et il introduit à la place de l’hypothèse qu’il renverse la théorie de l’équilibre et du mouvement des représentations dans l’âme, dont il détermine les lois à l’aide d’un calcul mathématique. Drobisch convient franchement que cette psychologie de Herbart n’est pas exempte de défauts, mais il ajoute que tout observateur, même tout adversaire impartial de Herbart, sera forcé de reconnaître qu elle a le mérite éminent d’avoir écarté une fois pour toutes l’hypothèse des facultés de l’âme et d’avoir imprimé à la psychologie une direction réelle, ce qui a eu pour résultat de la rapprocher des sciences naturelles et de donner à ses recherches un cachet d’exactitude et de précision. Celte psychologie a exercé une influence sérieuse sur la pédagogie et les sciences sociales, ainsi que l’atteste le développement d’une psychologie des nations dans le sein même de l’école herbartienne. C’est à