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straszewski. — herbart, sa vie et sa philosophie.

ciples personnels du maître, dans le discours du professeur Drobisch à Leipzig le 4 mai 1876, à l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Herbart. Le litre nous en montre déjà suffisamment l’intention : Du progrès accompli par Herbart dans le développement de la philosophie » (Ueber die Fortbildung der Philosophie durch Herbart). « N’attendez pas, dit-il, que je vous fasse l’éloge de Herbart ; il n’en a pas besoin, car il est reconnu généralement aujourd’hui pour un des plus illustres philosophes de notre siècle. Je ne vous dirai pas non plus que son système ait tranché définitivement toutes les questions et résolu les problèmes qui, de tou temps, ont occupé les plus grands penseurs. Jamais une assertion pareille, exprimée dans un sens si étendu, ne pourrait avoir mon assentiment ; mais, en revanche, j’ai la conviction intime que Herbart a rendu des services éminents à la philosophie, que la solidité de ses recherches et sa méthode spéculative sont exemplaires, et que la plupart des résultats auxquels il est parvenu, conserveront une valeur réelle et durable. »

Voyons maintenant comment le professeur Drobisch s’est acquitté de la tâche importante qu’il s’est imposée. Tous les anciens systèmes, dit-il, ont toujours cru aveuglément à la possibilité d’un véritable savoir absolu. Locke a ébranlé le premier cette foi dogmatique ; les penseurs anglais, principalement Hume, l’ont suivi sur la voie du scepticisme, dont l’attitude de plus en plus menaçante provoqua la réforme de Kant. Il se décida à sonder en critique les facultés intellectuelles de l’homme et acquit la conviction que notre savoir est limité, que ni l’esprit ni les sens ne sont en état de connaître les choses en elles-mêmes, et que les lois de ces phénomènes, non moins que l’ordre des choses par rapport au temps et à l’espace, sont l’œuvre de l’activité de notre intellect et de notre sensibilité. Toutes ces formes intellectuelles et sensibles existent en nous à priori et sont antérieures à l’expérience ; mais elles seraient absolument vides et n’auraient aucune valeur, si la sensation ne contenait déjà une matière féconde d’expériences pour l’esprit. Ainsi, selon Kant, les choses ont en dehors de nous une réalité objective. Mais comme, d’une autre part, nous ne pouvons savoir de quelle manière elles existent en dehors de nous et nous figurer comment elles deviennent la cause des changements qui s’opèrent en nous, la catégorie de la causalité étant bornée à la sphère des phénomènes, il en résulte que toute chose prise en elle-même doit perdre sa valeur objective, et que le système de Kant, développé conséquemment, conduit à l’idéalisme. Kant lui-même n’est pas