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tre par égard à la possibilité ou à la réalité (comme Kant) de la nature inflexible des exigences morales et esthétiques. Sa métaphysique, qu’il désigne lui-même comme une atomistique qualitative, et dont il montre l’analogie avec la Monadologie de Leibnitz (excepté sa conception d’une harmonie préétablie), est la seule qui s’accorde avec la base atomistique des sciences naturelles d’aujour-d’hui. Quant à la psychologie, elle a conquis un nouveau terrain par la mathématique, dont l’application se bornait jadis aux évènements physiques. Sa philosophie pratique, qui comprend aussi la philosophie du droit, exclut complètement la séparation factice entre la morale et le droit, et rejette l’opinion dépravante et erronée que la puissance ainsi que le succès soient les synonymes du droit. L’idée principale de son esthétique, ce qui nous plaît, c’est la forme, a donné naissance à une nouvelle philosophie de l’art, confirmée par le témoignage des plus grands maîtres. En pédagogie, son principe de l’enseignement pédagogique est accepté aussi bien en Allemagne qu’en Autriche. Si, malgré tous ces mérites incontestables, Herbart a été moins connu et moins apprécié comme philosophe que ne l’ont été Hegel, Fichte ou Schelling, la faute en est principalement à sa personne, pleine de dignité morale, ennemie de toute participation bruyante aux questions religieuses et politiques du moment, aussi bien qu’au caractère même de ses recherches, parfaitement étranger à l’éclat éblouissant de la philosophie en vogue si spirituellement piquante. »

Ce passage est un écho fidèle de l’opinion professée aujourd’hui, par les adeptes de Herbart, relativement à la signification historique de son système. Il fut un temps où l’école de Herbart, entraînée par le courant général, manifestait le désir d’envisager son système comme l’expression définitive de la philosophie, et trouvait inutile tout essai de perfectionnement. Mais ce dogmatisme herbartien ne put se maintenir en face de la transformation imposante qui s’accomplit de nos jours dans les sciences et dans la philosophie. Dans l’article de Zimmermann, ainsi que nous venons de le voir, il n’est même pas question de la valeur absolue du système entier. Zimmermann a seulement insisté sur les détails qu’il regarde comme des conquêtes véritables pour la philosophie. Il serait superflu de dire qu’une opinion pareille est la seule qui ait été en état de relever l’école de Herbart de l’assoupissement dans lequel elle était tombée et de l’introduire dans une voie nouvelle ; ajoutons cependant qu’elle y domine aujourd’hui et se concilie tous les jours quelques nouveaux prosélytes. La preuve en est dans le discours prononcé par un vétéran de cette école, qui est en même temps un des plus anciens dis-