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straszewski. — herbart, sa vie et sa philosophie.

âgé de dix-neuf ans, avait publié dans son élan d’enthousiasme pour Fichte un écrit intitulé De la possibilité d’une forme de la philosophie en général (Ueber die Möglichkeit einer Form der Philosophie überhaupt). Il obtint restime et l’approbation du maître, qui alla même jusqu’à l’appeler : celui qui avait veillé avec lui auprès du berceau de la Wissenschaftslehre[1]. Au commencement de 1795 parut le second traité de Schelling : Du moi considéré comme principe de la philosophie, c’est-à-dire de l’absolu dans le savoir humain. Il y est, non moins que dans le précédent, un admirateur fanatique de Fichte, qu’il envisage comme un nouveau génie descendu sur la terre pour élever la philosophie à des hauteurs jusque-là inconnues. Ces œuvres ne purent passer inaperçues de Herbart ; et il savait bien, en procédant à leur analyse critique, qu’il attaquerait par cela même les principes de Fichte ; il n’ignorait pas certainement qu’en visant le disciple il atteindrait le maître. Zimmermann nous cite une phrase dans laquelle Herbart appelle les œuvres de Schelling « die möglichst conséquente Darstellung des Idealismus »[2]. Décidé à rompre avec lui, pouvait-il choisir un adversaire plus convenable ? Zimmermann nous rapporte aussi plusieurs faits qui témoignent de l’ardeur avec laquelle Herbart s’en occupait dans le courant de l’année 1796[3]. Il envoie à Rist au mois de septembre de cette année, à côté de la critique de ses « idéaux », quelques mots sur Schelling, où il le compare à Spinoza, et, au mois de décembre, il communique à son second ami Smidt une assez longue dissertation contenant ses remarques sur les deux premières œuvres de Schelhng, pourvues de notes écrites de la main de Fichte et de ses propres réponses à ces notes. Cette dissertation (y compris les notes de Fichte) se trouve dans le recueil de Hartenstein, vol. xii[4]. C’est sans contredit un des plus curieux documents de l’histoire de la philosophie au xixe siècle. Il est nécessaire cependant de lire l’excellente appréciation de Zimmermann pour se rendre compte de sa valeur tout exceptionnelle. Personne, avant Zimmermann, n’avait démontré d’une manière aussi évidente, à l’appui des propres paroles de Fichte et de Herbart, d’un côté le caractère essentiel de l’idéalisme transcendant, de l’autre les motifs qui influèrent sur le développement original du système herbartien. Ne pouvant nous engager dans les détails, nous tâcherons au moins d’indiquer les points principaux de cet exposé, contenant un des épisodes les plus intéressants

  1. Perioden, etc., p. 21.
  2. Perioden, etc., p. 24.
  3. Perioden, p. 23 et suivantes.
  4. Herbart’s samrntliche Werke, xii, s. 10, 37.