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philosophie de Fichte d’un œil critique, tandis que le second nous le montre contre toute attente son admirateur sincère et dévoué. Ceci prouverait seulement, ajoute-t-il, que Herbart n’a succombé à l’influence de Fichte qu’après une assez longue résistance ; mais comme, d’une autre part, les remarques sur l’article de Rist ont été écrites à peu de distance de celles qui se rapportent à Schelling et qui appartiennent déjà à la seconde époque de son développement intellectuel, nous aurions de nouveau une preuve qu’il s’en est affranchi subitement et en bien moins de temps qu’il n’en avait fallu pour la lui faire accepter.

Nous ne voyons pas toutefois de motifs pour nous expliquer ce revirement inattendu, et nous ne sommes pas d’accord sur ce point avec l’opinion de Zimmermann. Il aperçoit entre le premier et le second de ces écrits une sorte de rétrogradation intellectuelle à laquelle succède tout d’un coup un immense pas en avant. Non-seulement nous ne voyons pas de rétrogradation dans le second de ses ouvrages, mais au contraire un progrès sérieux, nous expliquant d’une manière parfaitement naturelle le passage de Herbart à l’époque de transition. Considérons la chose de plus près, afin de la mieux exposer.

Les remarques qu’il présenta à Fichte en 1794 concernent le second principe de la philosophie de ce dernier, lequel affirme que la seconde action fondamentale du moi est l’opposition contre soi-même du non-moi ; elle doit être tout aussi primitive et absolue que la première, laquelle consiste à se poser soi-même, et elle doit exclure toute action d’opposition autre que celle-là. Les remarques de Herbart sont dirigées précisément contre cette assertion. Après avoir demandé si ces deux actions sont en effet différentes l’une de l’autre, et si la seconde est réellement la seule possible dans son genre, il essaye de prouver qu’elles sont identiques, et, lorsqu’elles ne le sont pas, que plusieurs actions d’opposition sont possibles. Nous ne saurions nier que ces remarques ne soient passablement gauches, et nous admettons volontiers avec Zimmermann qu’il n’a pas été difficile pour un Fichte d’écarter les doutes de son disciple. Mais pourquoi Herbart s’occupe-t-il précisément du second principe de la philosophie fichtéienne et non du premier ? Évidemment parce qu’il le considérait encore comme un dogme inébranlable. S’il avait eu sur ce point une incertitude quelconque, jamais son esprit consciencieux et critique ne lui aurait permis de la dissimuler. Il est donc convaincu encore à cette époque que le sujet se pose réellement, et il lui importe seulement de savoir si ce principe ne contient pas déjà le second, et s’il ne pourrait le remplacer. Il essaye de