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straszewski. — herbart, sa vie et sa philosophie.

rique. C’est, dit-il, une heureuse circonstance, dans la vie de Herbàrt, qu’il ait pu, dès le début de sa carrière, se mesurer avec l’idéalisme transcendant dans la personne du plus illustre de ses héros. On pourrait être sûr désormais qu’il ne se laisserait plus jamais convertir à ce dogmatisme philosophique, puisqu’il avait résisté à l’éloquence si attrayante d’un Fichte. Mais n’est-il pas aussi tout simple, que ce jeune étudiant ait subi un certain temps son influence ? Zimmermann a raison de dire que nous devrions nous étonner plutôt qu’il ne soit pas resté toujours son adepte fidèle, et que jamais son culte pour lui, même à cette époque d’admiration juvénile, n’ait été fanatique et aveugle[1]. Malgré cela, Herbart doit à Fichte une reconnaissance profonde. Il avoue lui-même qu’il ne serait parvenu à rien sans son aide, et il se plaît à indiquer dans ses lettres ce qui lui en imposait le plus dans la personne de Fichte. Il admire surtout cette totalité de l’esprit qui se manifeste dans son système, et il est certain qu’il lui doit celle qui caractérise le sien ; il rehausse aussi dans le maître son incomparable exactitude spéculative. Fichte était en effet un penseur doué d’une sagacité tout exceptionnelle et qui régnait dans le domaine de la pensée avec une aisance souveraine. Ajoutons qu’il recherchait la société de ses disciples, s’efforçait d’exercer son influence sur tous ceux qui l’entouraient et aimait à exciter dans les jeunes esprits l’amour du travail, le désir de la science et cette sorte d’inquiétude romanesque qui le distingue lui-même. N’oublions pas de dire aussi qu’il prenait une part active aux travaux de cette société littéraire de Iéna, qui comptait également Herbart dans ses rangs. Parmi les manuscrits de ce dernier recueillis après sa mort et imprimés par Hartenstein, se trouvent deux dissertations appartenant à cette époque préparatoire ; elles ont été composées pour la Société littéraire et nous prouvent que Herbart a été non-seulement un disciple assidu, mais aussi un adepte sincère de Fichte. Une d’elles renferme les remarques dirigées en 1794 contre le second principe de sa philosophie ; quant à la seconde, elle a dû être écrite deux ans plus tard, ainsi que le démontre clairement Zimmermann contre l’avis de Hartenstein[2] ; elle contient la critique d’une dissertation de Rist intitulée « Des idéaux éthiques et esthétiques », présentée par lui à ses collègues. Zimmermann croit voir entre ces deux travaux littéraires de Herbart un rapport étrange, car, soutient-il le premier, antérieur quant à la date, nous apprend que, dans les premiers mois qui suivirent son arrivée à Iéna, Herbart considérait la

  1. Perioden, etc., p. 19.
  2. Perioden, etc., p. 9.