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chercher la formation historique des principes de Herbart, Zimmermann est parvenu à découvrir ce qui a pu éloigner Herbart de Schelling dès le premier abord ; il a acquis de plus une appréciation profonde de sa méthode critique et des objections soulevées par lui contre l’idéalisme transcendant, et il a grandement contribué de cette manière à nous faire comprendre le développement de toute la philosophie de notre siècle. La critique des systèmes de Fichte et de Scheliing a donné naissance à celui de Herbart ; et cette critique nous prouve précisément que quiconque aurait refusé de se confier aveuglément à l’opinion de Fichte et de Schelling, et se serait hasardé à pénétrer plus profondément dans les abîmes de la spéculation, n’aurait pas manqué de se convaincre que ces profondeurs étaient illusoires et que tout cet édifice splendide reposait sur du sable. Mais il est temps de passer à la dissertation de Zimmermann.

Hartenstein lui-même nous atteste qu’il y a eu une époque où Herbart a été un adepte sincère de Fichte ; il n’oublie cependant pas d’ajouter que ce moment a dû être bien court. Herbart arrive à Iéna en 1794, et le voilà déjà occupé en 1796 à écrire une critique des premières œuvres de Schelling, témoignant qu’il avait cessé de croire en son maître et que ses idées avaient subi une transformation radicale. Les motifs en sont clairs ; ce sont les mêmes qui le décidèrent deux ans plus tard, lors de son séjour en Suisse, à écrire un traité intitulé « Erster problematischer Entwurf der Wissenslehre ». Son ami Böhlendorf, dans une lettre adressée à leur ami commun Rist, appelle déjà cet essai le système de Herbart. Cependant le titre même « Wissenslehre » trahit encore une certaine dépendance de Fichte, quoique d’une autre part nous y voyions luire les éléments d’une philosophie plus originale. Mais, dans les thèses pubhées en 1802, plus de trace d’hésitation. Hartenstein lui-même les appehe : l’expression d’une pensée complètement mûre.

Zimmermann distingue à l’appui de ces indications trois époques dans le développement intellectuel de Herbart. La première commence avec son arrivée à léna et dure de l’année 1794 à 1796. C’est l’époque fichtéienne. La seconde s’ouvre par la critique des oeuvres de Schelling ; elle s’étend jusqu’à 1802. C’est une époque de transition que termine la publication des thèses qui sont en même temps le commencement de la troisième, laquelle ne s’achève qu’avec sa mort et qui est une époque de complète maturité philosophique[1]. Le but de la dissertation de Zimmermann est de nous faire connaître les deux premières et de nous en donner un éclaircissement histo-

  1. Perioden in Herbart’s p/iilosophiachcn Geistesgang, p. 6.