Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VII.djvu/640

Cette page n’a pas encore été corrigée
634
revue philosophique

naturel. Les femmes sont toutes nées fraudeuses ; pour un grand nombre le charme du jeu consiste dans la tricherie. Les boutiquiers ont toujours l’œil ouvert quand une dame marchande ; l’homme trompe par intérêt, la femme pour le plaisir de tromper. L’équité dans la distribution de la justice lui est inconnue ; en tout, elle agit d’après des préférences ou des antipathies particulières. L’iniquité des marâtres est proverbiale. On se figure sans peine des femmes avocats ; mais qu’on s’imagine un jury ou un tribunal de femmes : on se sent pris d’un frisson ou d’un fou rire. L’iniquité va de pair avec le népotisme : dans tous les pays où les femmes ont une influence prépondérante, les places se donnent à la faveur et non au mérite. « Il fallait un calcuteur, ce fat un danseur qui l’obtint. »

Qu’on ne croie pas trop facilement à une métamorphose du caractère féminin dans la suite des âges. Comment se produirait-elle ? L’éducation des filles n’est-elle pas entre les mains des mères et ne doit-elle pas y rester ? Sans doute on peut, par un système de dressage artificiel, former des femmes qui aient les goûts et les capacités des hommes ; mais la nature méconnue se venge : ces plantes de serre chaude sont stériles. Qu’on songe à l’infécondité des ladies américaines ! le système de l’émancipation trouve sa condamnation dans ses résultats.

« En définitive, le sexe féminin est le parasite moral du sexe masculin. » Comme la vigne tendre et flexible qui s’enlace autour du vigoureux ormeau, la femme sur le tronc solide de la morale rationnelle qu’elle emprunte à l’homme déploie la végétation luxuriante du goût et du sentiment. De même, « sous le rapport architectonique, la beauté féminine le cède à la virile et remporte au contraire pour l’ornementation. » Partout on retrouve la nécessité de compléter les deux sexes l’un par l’autre, de les associer, mais non de les confondre.

La connaissance exacte de la nature d’un être est indispensable pour déterminer sa fin. Ce que les publicistes appellent « question des femmes » n’est souvent que la question des filles ; pour les femmes, il n’existe qu’une seule question : la question des enfants, ou, mieux encore, la question de l’enfantement. La rage du mariage qui s’empare des vieilles filles prouve à l’évidence que la vraie vocation de la femme est la maternité et l’éducation des enfants (693). Si cette vocation se justifie par la doctrine du progrès, il n’en est pas de même quand on l’apprécie par le critérium du bonheur général. Non-seulement l’eudémonisme social aboutit logiquement à la condamnation du mariage, à l’amour libre et à l’éducation commune des enfants, déjà prônée par Platon ; mais encore, bien compris, il