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dictions qui le troublent, il cherche le repos dans l’art ; il contraint les formes, les sons et les couleurs à le traduire, à l’exprimer ; il fait de ses lois une réalité visible ; il devient nature, et il se réfugie dans ce monde de la vie harmonieuse et libre qui est tout à lui, puisqu’il l’a créé de lui-même. Si déjà la vérité, quand on la contemple dégagée des contradictions partielles, dans l’harmonie des lois nécessaires, qui sont les lois de la réalité et de l’intelligence, semble se confondre avec la beauté ; si déjà la nature dans ses œuvres heureuses semble travailler pour l’esprit, qui peut à son tour par un effort de génie se faire nature et créer un monde où tout est de lui, l’illusion de la jeunesse n’est-elle pas le pressentiment des destinées futures ? Les horizons infinis ne doivent-ils pas rester ouverts à l’espérance humaine ? Ne faut-il pas rendre ses droits à l’amour, qui seul dans sa reconnaissance pour la beauté a surpris avec sa vraie nature le secret de son charme tout-puissant ?

G. Séailles.