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absolue : les sons les plus forts ne sont perçus par elle que comme des vibrations « qu’elle entend par le pied ». L’auteur voit, dans celte perception directe des oscillations comme telles, un fait très-important, la caractéristique la plus générale du monde physique entrant ainsi dans la conscience directement. — Finesse du sens tactile sur la peau. Chez les personnes normales, la faculté de discrimination varie de 68 millimètres entre les épaules à 5 millimètres dans la tache jaune. Les relevés donnés par M. Stanley Hall montrent, si on les compare aux tables de Weber, que la sensibilité de Laura est en général deux ou trois fois plus grande que celle d’une personne ordinaire. — Détails curieux sur son sommeil et ses rêves : ses rêves ont lieu dans le seul langage qui lui soit propre, c’est-à-dire le langage tactile. — Une question intéressante soulevée par M. Robertson est celle-ci : Jusqu’à quel point Laura peut-elle former des concepts propres à l’aide de ses moyens d’expression, et jusqu’à quel point peut-elle penser sans l’aide de ses signes manuels ? — L’auteur répond qu’il arrive quelquefois qu’on la voit tout absorbée dans ses réflexions, sans qu’il y ait le moindre mouvement de ses mains, t Si nous remarquons que toutes les impressions au-dessus de celles du loucher que les autres saisissent sous forme d’images sensorielles doivent être pensées par elle (si elles le sont) comme des conceptions générales, il est probable que sa pensée dépasse les objets individuels de son sens, sans trouver les signes nécessaires comme instruments de la pensée. »

James Sully : L’harmonie des couleurs. — Généralement, pour rendre compte de l’effet agréable ou désagréable des couleurs combinées, on s’est appuyé sur un étroit parallèle entre l’harmonie des couleurs et celle des sons. Cependant Helmholtz, qui est une grande autorité dans ces deux branches de la physiologie, condamne absolument ce parallèle. En musique, rien de mieux reconnu que les consonances (une octave, une quinte) et les dissonances (un demi-ton, etc.). En peinture, il n’y a pas d’intervalles chromatiques correspondants. Pour s’en convaincre, lire les discussions des auteurs de livres sur l’art. La combinaison du bleu et du vert, condamnée par beaucoup, est louée par Ruskin ; celle du ronge et du vert, généralement admise, est rejetée par Wilkinscn. Les couleurs complémentaires sont qualifiées par Schiffermüller de combinaison grossière et rustique. — L’auteur passe en revue diverses théories : celle qui soutient que toutes les combinaisons doivent être fondées sur les couleurs appelées primitives (par les peintres), rouge, jaune et bleu ; celle qui assimile l’octave musicale aux couleurs du spectre (Unger) ; celle qui trouve l’harmonie dans les couleurs adjacentes. Il montre les défauts de chacune.

L’auteur passe ensuite à la théorie qui place sa base physiologique dans le phénomène des couleurs complémentaires. Il dit avec quelles restrictions il l’admet. L’harmonie des couleurs ne repose pas, comme celle des sons, sur quelque sensation spécifique. Ce mot signifie surtout « affinité, ressemblance, unité. » Une combinaison de couleurs