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manière non moins frappante dans sa Philosophie pratique ; Zimmermann lui consacre la seconde partie de cet essai si souvent cité par nous. Passons donc maintenant avec lui sur ce nouveau terrain. Ce qui constitue la base de la philosophie morale de Herbart c’est sa théorie des idées pratiques. Ces idées, nous l’avons dit déjà, n’ont rien de commun avec la métaphysique ; elles ne sont que le résultat de la satisfaction ou de la répugnance esthétiques témoignées par notre sens moral pour certains rapports de volonté. De même que notre esprit se complaît dans certaines proportions de lignes, de sons ou de couleurs, tandis que d’autres lui déplaisent, de même notre sens moral considère certains rapports de volonté comme beaux, c’est-à-dire, bons ; d’autres, comme laids et par conséquent mauvais. Quant aux idées pratiques qui résultent de ces rapports, elles en sont l’expression et la mesure, de même que les idéaux esthétiques sont la mesure des manifestations du beau.

Herbart parvient à la construction de ces idées de la manière suivante : il commence par étudier les divers rapports de volonté dans un seul et même être intelligent. Ici, deux combinaisons sont possibles : ou ces rapports sont également tous de véritables actes de volonté, ou bien l’un d’eux l’est en effet, tandis que l’autre n’en est que la pensée. Lorsque deux véritables actes de volonté du même être s’accordent réciproquement, notre sens moral est satisfait, et la mesure ainsi que l’expression de cette satisfaction, c’est l’idée de la perfection ; mais, s’ils s’opposent réciproquement et nous inspirent par suite de cet antagonisme de l’aversion, un état semblable correspond alors à l’idée de l’imperfection morale. De plus, si l’acte de volonté réel s’accorde (toujours dans un seul être) avec celui qui n’a été que conçu par lui, c’est-à-dire si cet acte réel est en harmonie complète et continuelle avec la conviction, c’est un état de l’âme qui correspond à l’idée de la liberté intérieure et, dans le cas de l’opposition réciproque, à celle du manque de liberté (der Unfreiheit). Nous pouvons nous figurer aussi notre véritable acte de volonté en rapport avec un acte pensé par nous d’une autre personne ; alors la satisfaction produite en nous par leur accord mutuel s’exprime par l’idée de la compassion et leur désaccord par celle de ïaversio7i. Il arrive souvent que de véritables actes de volonté d’un être sont mis par hasard en contact avec ceux d’un autre ; il en résulte une lutte qui nous inspire toujours du mécontentement. — Mais il y a aussi une seconde combinaison possible : il peut y avoir rencontre de deux actes véritables de volonté chez deux personnes différentes, de manière toutefois que l’acte d’une d’elles a été conçu et prévu d’avance par l’autre. Le contact est alors volon-