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vérifier à l’aide de la théorie de l’harmonie sa doctrine psychologique[1].

Nous avons remarqué déjà que Herbart envisage les éléments simples de notre vie psychique comme autant de forces contraintes d’agir mutuellement les unes sur les autres, l’étroitesse de notre conscience (die Enge unseres Bewusstseins) ne leur permettant pas d’exister simultanément en un même point. Quant à l’étroitesse de la conscience, elle provient, selon Herbart, de ce que l’esprit étant un être incomplexe et indivisible ne peut, comme tel, remplir plus d’une fonction à la fois. Figurons-nous à présent que deux ou plusieurs fonctions psychiques, c’est-à-dire deux ou plusieurs représentations, se trouvent simultanément dans notre conscience : qu’en résulte-t-il ? Comme elles ne peuvent ni changer, ni s’anéantir, elles devront s’arrêter réciproquement. Les représentations qui sont plus faibles seront arrêtées par celles qui sont plus fortes, ce qui fera passer les premières à l’état de tendances ; mais les secondes, c’est-à-dire celles qui arrêtent, perdront aussi un quantum de leur intensité. Ce point de départ une fois accepté , le but principal de la psychologie de Herbart sera :

1° Calculer la somme d’arrêt, c’est-à-dire la totalité de l’intensité perdue par deux ou plusieurs fonctions s’arrêtant réciproquement ;

2° Calculer dans quelle proportion cette somme se répartit parmi les fonctions particulières ;

3° Déterminer la valeur du seuil (Schwellenwerth). Quand cette valeur sera une fois atteinte, la représentation sera refoulée jusqu’au seuil de la conscience et finira par en être chassée complètement.

Il n’est pas nécessaire d’ajouter que de toutes ces questions la troisième est précisément la plus importante. Herbart a donc calculé[2] que si trois représentations de la force et s’arrêtent réciproquement, la représentation devra avoir la valeur , afin de pouvoir être contrainte à disparaître complètement de la conscience, c’est-à-dire descendre jusqu’à zéro de valeur ; et si pour simplifier cette équation nous supposons que , alors  ; mais si ,

  1. Herbart a développé avec beaucoup de concision et de netteté, sa théorie psychologique, ainsi que le moyen de la vérifier, dans son ouvrage, Hauptfis der Metaphysik (Herbart’s Samtl. Werke. iii). C’est principalement sur elle que Zimmermann appuie dans sa dissertation ; Ueber den Einfluss der Tonlehre.
  2. Nous ne reproduisons pas ici le calcul entier, car cela pourrait nous mener trop loin, mais nous nous permettons de renvoyer le lecteur à la dissertation de Zimmermann, Ueber den Enfluss der Tonlehre, où il le retrouvera, pages 11-16, amplement développé.