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se contenta de suivre aveuglément la direction qu’il lui avait imprimée. Ajoutons cependant, pour en atténuer la faute, que cette sorte de stagnation et de dogmatisme exagéré provenait en partie de la nécessité d’une union et d’une solidarité absolues dans le but d’une défense commune contre les attaques incessantes de ses ennemis. Ce ne fut que dans les derniers temps, lorsque la critique reprit ses droits, que Herbart acquit enfin la considération qui lui était due depuis longtemps. On s’aperçut alors que ses idées étaient profondes et qu’il avait indiqué à la philosophie un chemin sûr et nouveau ; à mesure que l’estime générale augmentait pour les idées du maître, son école se relevait de l’assoupissement dans lequel elle était tombée. Elle cessa de marcher aveuglément sur ses traces, ainsi qu’elle l’avait fait jusqu’alors, et commença à développer librement ses principes. Aussi, lorsque la nation allemande célébra en 1876 la centième anniversaire de la naissance de Herbart, ce fut pour ainsi dire comme le moment de sa résurrection spirituelle. Des publications importantes ne manquèrent pas de paraître à l’occasion de cette solennité et jetèrent sur sa personne aussi bien que sur ses écrits une clarté nouvelle.

Hartenstein et Ziller avaient déjà contribué grandement à faire connaître la personne de cet illustre penseur au public cultivé de l’Allemagne, en pubUant, le premier, sa biographie ainsi qu’une édition complète des œuvres de Herbart[1], le second, les « Reliques » de Herbart[2]. Ces documents précieux, joints à des matériaux récemment publiés, eurent le mérite de provoquer les dissertations importantes de Robert Zimmermann, professeur de philosophie à Vienne et auteur célèbre de l’Histoire de l’esthétique, et celle de Drobisch, professeur de philosophie à Leipzig. Robert Zimmermann, né à Prague en 1824, étudia la philosophie sous la direction du professeur Exner, remarquable par son excellente critique de la psychologie de Hegel du point de vue de Herbart, dont il introduisit la philosophie en Autriche où ses principaux élèves tels que Zimmermann, Nahlowsky, Volkmann, achevèrent de la fixer.

Le professeur Zimmermann est celui qui a peut-être contribué le plus à une intelligence précise et à un éclaircissement historique de la philosophie herbartienne, qu’il n’a cessé d’étudier tout en travaillant à son développement. La série des publications jubilaires de

  1. Herbart’s sammtliche Werke, herausgegeb. von Hartenstein in xii Banden. Leipzig, 1850-52. La biographie de Herbart se trouve dans l’Introduction aux Mélanges philosophiques de Herbart, publiés séparément par Hartenstein en 3 vol. Leipzig, 1842.
  2. Herbartische Reliquien. Ein Supplem. zu Herbart’s sammtl. Werken, herausgegeb. v. Ziller. Leipzig, 1871.