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nolen.les maîtres de kant

milieu d’un concours inaccoutumé d’auditeurs. Il osait, en lace des adversaires du wolfisme et malgré l’arrêt royal qui condamnait cette école et qui n’avait pas encore été rapporté, se présenter comme un disciple de Leibniz et de Wolf, sauf en ce qui concerne la question spéciale de sa thèse, l’harmonie préétablie du corps et de l’âme.

En 1740 paraissait en allemand sa Démonstration philosophique de la vérité de la religion chrétienne, qui devait avoir cinq éditions ; et, l’année suivante, il publiait sa Commentatio philosophica de humanœ mentis individua natura sive immaterialitate. Des articles de mathématiques et de physique, dans les revues savantes du temps, témoignaient que l’activité de son esprit n’était pas limitée aux problèmes de philosophie et de théologie.

Ces travaux avaient fondé la réputation de Knutzen à l’Université, lorsque Kant y entra.

De 1740 à 1747, nous pouvons suivre l’enseignement de Knutzen, à l’aide du programme de l’Université. En philosophie, il parlait sur la logique, la métaphysique, la psychologie rationnelle, la philosophie de la nature, la morale, le droit naturel, la rhétorique, la mnémonique et la théorie des erreurs. Il enseignait en outre les mathématiques, l’algèbre, l’analyse infinitésimale. Il instituait de temps en temps des conférences, des examens. Chaque jour, il donnait plus de quatre heures de leçons publiques. Celte dévorante activité ne devait pas tarder à l’épuiser. Après avoir publié en 1747 une Logique, il mourut, en 1751, à l’âge de 38 ans, alors qu’il était occupé à la composition d’un Traité de métaphysique.

Tel est l’homme dont les biographes s’accordent à reconnaître l’action décisive sur l’intelligence de Kant. « M. Knutzen, dit Borowski, était son maître préféré, celui dont le souvenir lui fut toujours sacré. » Kant se plaisait à déclarer qu’il avait suivi assidûment tous les cours de Knutzen et qu’il lui devait beaucoup. Hamann d’ailleurs, qui fut également l’élève de ce professeur, ne s’exprime pas à son sujet en termes moins flatteurs : « J’ai été l’élève du célèbre Knutzen dans toutes les parties de la philosophie et des mathématiques. Je devais être membre de la Société physico-théologique qu’il voulait fonder, mais qui n’a pu se constituer. »

Et pourtant le souvenir reconnaissant et l’admiration do Kant et des autres illustres élèves de Knutzen n’ont pu défendre l’œuvre, sinon la mémoire de ce philosophe, contre un oubli presque complet. Les biographes de Kant se bornent presque à le mentionner ; certains historiens ne le citent même pas. Ueberweg parait bien ne le connaître que par le titre de ses ouvrages. Quelles que soient les causes