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correspondance

rience. C’est là, comme le remarque Göring, une tentative impuissante.

E. Schrœder : Der Operationskreis des Logikcalculs. Leipzig, Teubner, 1877, in-8, 37 p. Analyse par Günther.

L’auteur de ce court, mais intéressant opuscule, suit la voie qu’ont ouverte les deux grands traités de Boole (1847-1854) et où se sont engagés après lui Ellis et Cayley en Angleterre, les frères Grassmann en Allemagne. Les nouveaux logiciens, reprenant une idée chère à Leibniz, se proposent de ramener la logique aux mathématiques. Schroeder est de l’école de ces mathématiciens qui s’intéressent aux questions philosophiques ; ses traités d’arithmétique et d’algèbre (1873) en portent témoignage. Schroeder se propose de continuer, mais en la corrigeant, l’œuvre de Boole. Il trouve que les considérations algébriques tiennent une trop grande place chez l’auteur anglais. Les vues de Schroeder gagneraient à être éclairées par des exemples. Mais l’auteur n’a prétendu nous donner ici qu’un programme et comme les prolégomènes à une nouvelle théorie de la logique formelle. Espérons qu’il ne nous fera pas longtemps attendre le développement de sa doctrine.


CORRESPONDANCE


La terminologie de M. Shadworth Hodgson[1]

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Un des plus sérieux obstacles aux progrès de la philosophie est sans contredit l’imperfection de son vocabulaire. Comment arriver à s’entendre sur le fond même des choses, quand on ne s’entend pas encore sur le sens des mots qu’on emploie ? Or la signification de la plupart des termes philosophiques, et des plus importants, n’est pas invariablement fixée : elle change avec les époques, les pays, les écoles, les penseurs. Il suffira de citer les mots sensation, sensibilité, passion, perception, représentation, idée, etc., etc. Ces confusions entre les différents sens d’un mot font souvent que l’on s’épuise en vain à réunir dans une même théorie et à expliquer par une même formule des phénomènes fort disparates, comme aussi l’existence de plusieurs termes pour désigner les mêmes choses conduit à multiplier dans la réalité des différences imaginaires.

Il serait donc infiniment désirable qu’une certaine uniformité s’établît de notre temps dans l’usage des termes philosophiques, et cela serait d’autant plus facile que la connaissance historique des théories ou des systèmes du passé est devenue moins rare, et les communications entre philosophes des divers pays ou des diverses écoles plus fréquentes.

Que si un usage ancien et général a donné par bonheur à certaines parties du vocabulaire philosophique une signification fixe et précise, il faut bien se garder d’interrompre une si précieuse tradition et de sacrifier au désir d’une trop facile originalité en innovant sans nécessité dans le sens des termes. Nous voyons à regret cette règle méconnue par un trop grand nombre de philosophes contemporains qui non-seulement surchargent inutilement le vocabulaire par l’introduction de termes dont ils seront toujours seuls à se

  1. Voir le n° de février de la Revue philosophique.