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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


PHILOSOPHISCHE MONATSHEFTE

1878, n°10.)

J. MONRAD : Hamlet und kein Ende.

Analyse assez ingénieuse du caractère d’Hamlet et de ses hésitations à frapper celui qu’il sait être le meurtrier de son père. L’auteur y montre ce que peut la sagacité psychologique pour éclairer les problèmes de la critique littéraire.

Lasson : Die sittliche Weltordnung von M. Carrière. Leipzig. 1877.

L’opposition du règne de la nature et de celui de la moralité ou de la grâce fait le fond de l’enseignement chrétien, et a trouvé dans Leibniz, Kant et Fichte ses interprètes philosophiques. La théorie de l’évolution, qui veut tout ramener au processus mécanique des forces physiques, est la négation directe de cet idéalisme moral.

Carrière entreprend de faire revivre cette doctrine, sans pour cela recourir aux conceptions métaphysiques de ses devanciers, sans admettre l’harmonie préétablie ou l’idéalisme subjectif. Sa démonstration vient se heurter à bien des objections. Il invoque l’expérience pour établir l’accord de la vertu et du bonheur : mais cette relation est loin d’être constante. On accorde sans peine que l’ordre physique du monde est la condition nécessaire à la réalisation d’un ordre moral ; mais cela ne prouve pas que le premier soit établi en vue du second. On doit encore moins dire que l’ordre physique est la cause efficiente de l’ordre moral ; ce dernier semble bien plutôt consister dans l’indépendance absolue de la conscience morale à l’égard de la nature.

Karl Bœhm : Vorlesungen über Psychiatrie von Dittmar}}. Bonn, Emil Strauss. 1878.

L’auteur n’expose dans ce premier volume que les fondements de la psychiatrie. B affirme en principe le déterminisme mécanique des phénomènes cérébraux ; mais il ajoute que le mouvement et la conscience sont absolument irréductibles. Il incline à les considérer avec Fechner comme deux manifestations différentes d’un seul et même processus inconnu. Il dit môme quelque part : « À mon point de vue, les processus physiques et psychiques ne sont que des états psychiques qualitativement différents. »

Mais, remarque Bœhm, l’auteur ne reste pas fidèle à son principe dans l’application. Il parle du lien causal, qui associe les mouvements cérébraux et les pensées. Si les deux classes de phénomènes sont parallèles, elles ne peuvent dépendre l’une de l’autre. L’auteur retombe dans le dualisme, qu’il veut éviter. La division des faits de conscience