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précisément la plaie de ces doctrines, et elles ne peuvent y échapper, Vouloir que la philosophie de l’identité absolue de Schelling, même dans son écrit « sur la Liberté » ou corrigée par la seconde ou troisième manière, que le panlogisme de Hegel, que le pessimisme enté sur le nihilisme de Schopenhauer, soient des systèmes moraux ou dont le but, le point culminant soit la morale, c’est faire preuve d’une singulière préoccupation systématique. — Non, nous le répétons, le caractère de la philosophie allemande, ce n’est pas la morale, c’est la métaphysique. Et précisément son côté faible, bien des fois et justement signalé, c’est l’impossibilité logique de mettre d’accord, dans celte philosophie, la morale avec la métaphysique. Cette antinomie subsiste depuis Kant, qui ne l’a pas résolue, et M. Harms, disciple indépendant de Kant, qui ne la voit pas ou semble ne pas la voir^ est loin d’avoir levé cette contradiction, qui pourtant infirme partout sa thèse, si elle ne la renverse.

Ch. B.

F. Giner, E. Soler et A. Galderon. Lecciones sumarias de psicología. — Leçons sommaires de psychologie (Madrid, 2e édition, 1877).

M. Dupanloup, rêvant naguère un livre modèle pour les élèves de philosophie, le qualifiait ainsi : « livre très-simple et très-substantiel, très-méthodique et surtout très-court… livre de bon sens, vrai, simple, naturel, qui n’effraye pas les jeunes gens et laisse quelque chose à dire au professeur et même aux élèves. » C’était exiger beaucoup d’un livre élémentaire, surtout quand l’auteur se trouve enfermé dans les prescriptions d’un programme. Mais supposons toutes entraves supprimées ; faire très-court, bien net et bien nourri, ne me paraît pas suffisant pour réaliser l’idéal du manuel philosophique : je voudrais encore, et surtout, que l’esprit et la méthode en fussent véritablement scientifiques. Peut-on donner le nom de philosophie à des élucubrations indifférentes ou même contraires à la vérité scientifique ? Peut-on avoir la prétention d’y intéresser un seul instant de jeunes esprits. À côté des qualités réclamées par M. Dupanloup, cette qualité, qu’il ne réclamait pas, recommande à nos maîtres de philosophie les Leçons sommaires de psychologie. Le manuel espagnol n’est pas, assurément, l’idéal des livres élémentaires ; mais il est, à beaucoup d’égards, un excellent modèle du genre.

Bien que professeurs à l’institution libre d’enseignement de Madrid, les auteurs sont trop de leur pays pour être complètement de leur temps : s’ils ont à moitié dépouillé le vieil homme, le métaphysicien reprend trop souvent chez eux le pas sur le philosophe expérimental. Par exemple, la première partie de leur manuel, consacrée à la psychologie générale, débute par une distinction des deux éléments qui constituent, selon eux, l’organisme humain. Dans la seconde partie, qui a pour objet la psychologie spéciale, les facultés de l’esprit et les opé-