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analyses. — andré lefèvre. La Philosophie.

d’un Hegel, sont successivement exposés avec des développements aussi exacts que le permet le point de vue exclusif de l’auteur. Schopenhauer, en dépit de sa haine contre les têtes vides qui ont déraisonné sur l’absolu, débute et finit, lui aussi, par l’idéalisme. Le pessimisme, où il aboutit, ne tient pas plus d’ailleurs à sa doctrine de la volonté que son idéalisme ne tient à son scepticisme initial. Von Hartmann, conclut également au pessimisme, mais à un pessimisme tempéré. Son inconscient n’est autre chose que la volonté de Schopenhauer. C’est, en somme, un matérialiste qui a voulu être idéaliste ( ?). Pour en finir avec l’Allemagne, Hæckel et les darwinistes allemands semblent admettre que c’est la matière qui est la substance de l’esprit. Cette opinion, au premier abord, se concilie avec la méthode expérimentale. Mais il y a là encore, dans ce monisme, un minimum de métaphysique, une vague affinité avec l’idée de plan, inconscient ou préconçu, que peut favoriser la théorie de l’évolution.

Revenons en France. Ne nous arrêtons pas à ce que dit l’auteur et à ce qu’il ne dit pas de l’éclectisme et des spiritualistes. Royer-Collard, M. de Biran, Cousin, Jouffroy, Damiron, Garnier, etc., sont pour lui du domaine de l’archéologie. Il ne goûte non plus ni le néo-christianisme de Bordas et de Bûchez, ni le néo-scepticisme idéaliste de M, Vacherot ( ?) et de M. Renan, ni le néo-kantisme de MM. Renouvier et Pillon, ni, en un mot, tous ces systèmes s. nés à l’occasion, à rencontre, à côté ou à la suite de l’éclectisme, et qui semblent avoir pris pour devise le vieux préfixe néo ». — Bien plus sérieux est le positivisme, application sincère de la méthode expérimentale. Aug. Comte, malgré ses aberrations religieuses, a été un très-grand penseur. Toutefois sa classification des sciences, posant le général avant le particulier, assigne aux mathématiques une place inexacte et ne fait point leur part aux sciences concrètes : M. Lefèvre en propose une autre où sont placées en tète les sciences concrètes ; latéralement, à titre d’auxiliaire général, les mathématiques ; à la fin, la philosophie générale, qui se compose des résultats généraux obtenus par les sciences concrètes et résumés par les trois philosophies partielles, physico-chimie, bio-physiologie, psychologie-morale. Il critique aussi la loi des trois états, comme trop vague et trop étroite, et cet optimisme historique d’après lequel le moyen âge lui-même serait un progrès. Enfin il reproche au positivisme de désavouer le matérialisme, qui en est lame. Distinguer entre le relatif et l’absolu, admettre un inconnaissable, c’est faire des réserves sans portée.

Restent les philosophes anglais contemporains, Stuart Mill, Spencer, Bain, etc. M. Lefèvre, à juste titre, les tient en grand honneur, mais il se dispense d’en parler longuement, devant se rencontrer souvent avec eux dans la seconde partie de son livre. Notons cependant qu’il reprend avec vivacité Stuart Mill sur les subtilités de son nihilisme, où il ne voit qu’un jeu d’esprit.

Conclusion. — Bien qu’actuellement beaucoup d’esprits encore, même