Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VII.djvu/441

Cette page n’a pas encore été corrigée


ANALYSES ET COMPTES-RENDUS



L. Liard. — La science positive et la métaphysique. — Paris, Germer Baillière et Cie, in-8, 1879.

M. Liard essaye dans cet ouvrage d’établir la possibilité et la réalité de la métaphysique. Son étude se divise en trois parties, consacrées, la première à la science, la seconde à la critique, la troisième enfin à la métaphysique.

La science positive proprement dite se propose d’expliquer les phénomènes par des lois, et ces lois senties rapports invariables qui unissent entre eux les phénomènes. Elle a pour caractères la réduction du composé au simple, du particulier au général, du contingent au nécessaire. Mais la simplicité, l’universalité et la nécessité qu’elle atteint sont relatives et non pas absolues ; il en serait ainsi, alors même que la science aurait atteint son idéal. La science arrive à son but par l’emploi de l’analyse inductive et de la synthèse déductive. Aucune science n’est exclusivement analytique ou exclusivement synthétique. Les procédés de la science ne peuvent la faire sortir du relatif, car induire c’est généraliser un rapport donné ; la déduction a pour prémisse une proposition inductive, et ses produits n’ont qu’une valeur expérimentale.

Une doctrine philosophique, le positivisme, a voulu proscrire la métaphysique en bornant le savoir humain aux connaissances scientifiques proprement dites. Mais les définitions de la métaphysique données par A. Comte et par M. Littré ne sont pas exactes. D’ailleurs les sciences particulières mettent en œuvre les procédés qu’elles emploient sans en établir la légitimité. Le positivisme, repoussant l’analyse de la connaissance, est un dogmatisme sans critique.

La philosophie de l’association se distingue de l’ancien empirisme en prétendant montrer comment les facteurs des faits de conscience se groupent et s’unissent pour former les idées et les jugements, et en admettant un élément intellectuel dans nos connaissances. Mais elle est impuissante à rendre compte de l’espace, du temps, des axiomes. La succession par exemple est dans les premières sensations ou elle n’y est pas. Dans ce dernier cas, jamais l’association de ces sensations ne produira, pour en faire une loi générale, un élément absent de chacune d’elles ; dans le premier, c’est par un abus du langage qu’on refuse à la succession concrète un nom qu’on accorde à l’idée abstraite de cette