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historiques, recueillis par l’observation et l’expérience ; les équations, ce sont les lois tirées de ces faits par les savants ; à l’étude analytique du problème correspondent les raisonnements inductifs et déductifs qui remplissent les ouvrages de philosophie ; enfin les solutions algébriques ont leur équivalent dans les divers systèmes qui ont prétendu, jusqu’à ce jour, donner la clef de l’énigme universelle. Ces systèmes ne sont pas aussi nombreux qu’il pourrait sembler au premier abord ; ils se ramènent, en définitive, à quatre ou cinq types essentiels, et, pour expliquer leur multiplicité apparente, il suffit de remarquer qu’un même principe, plus ou moins nettement conçu, peut revêtir une infinité d’aspects différents, de même que certaines expressions algébriques se présentent sous plusieurs formes qu’il est parfois très-difficile d’identifier.

Il n’en est pas moins vrai qu’après avoir opéré toutes les simplifications possibles on obtient un résidu final de plusieurs systèmes opposés les uns aux autres, vraiment irréductibles et entre lesquels le penseur impartial est appelé à choisir. Que fera-t-il ? cherchera-t-il parmi les éléments déjà employés une raison pour dicter sa préférence ? Mais cela est illusoire, puisque, par hypothèse, les relations connues se vérifient indifféremment pour chacune des solutions contraires. Alors, de trois choses l’une : ou bien, désespérant des lumières de l’entendement, il se jette dans les bras de la foi ; ou bien, avec les positivistes, il déclare oiseuse et stérile la recherche des causes premières et borne ses ambitions à l’étude des effets ; ou bien, pour dissiper ses incertitudes et trouver « le roc sous le sable et l’argile », il examine les principes obtenus à la lumière de certaines vérités, qu’il ne découvre plus dans les choses, mais en lui-même.

Aux disciples dociles de Pascal et de Comte, la métaphysique n’a rien à dire ; qu’ils soient au-dessous ou au-dessus d’elle, elle ne peut que perdre à leur commerce. Pour un esprit philosophique qui ne veut ni se décider au hasard, ni répéter, ce qui est peu instructif, que tous les systèmes sont vrais suivant le point de vue où l’on se place, il n’existe donc pas d’autre ressource que l’emploi de ces critérium particuliers qui se réduisent à deux disciplines primordiales : l’esthétique et l’éthique. Ainsi l’exactitude scientifique, la beauté et la moralité sont comme trois cribles superposés et de plus en plus fins par lesquels on fait passer le grain mêlé des doctrines métaphysiques ; bien peu traversent le premier, le second en arrête encore plusieurs, peut-être n’en est-il pas une seule qui résiste à la troisième épreuve.

Ce résultat est décourageant, et les fanatiques d’une cause, plutôt