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herzen. — la loi physique de la conscience.

réactions avec l’aide de ce que l’observation subjective nous enseigne sur la conscience ou l’inconscience de l’activité des centres corticaux.


Dans la journée, à l’état de veille, nous sommes continuellement exposés à toutes les impressions que notre constitution nous permet de recevoir du monde extérieur et des différentes parties de notre organisme. Ces impressions mettent en émoi tantôt l’une, tantôt l’autre région de nos centres nerveux ; il y a une désintégration continuelle, qui l’emporte de beaucoup sur la réintégration ; aussi sommes-nous continuellement conscients tantôt d’une chose, tantôt d’une autre. Toutes les excitations qui ne se transmettent pas trop rapidement « automatiquement » d’un élément à l’autre, ou qui rencontrent dans les éléments qu’elles envahissent une résistance suffisante pour ne pas leur permettre de passer outre sans s’arrêter, toutes celles enfin qui ont une énergie suffisante pour ne pas s’épuiser au seuil de l’élément central, pour en forcer l’entrée et pour mettre en branle son intérieur, éveillent chacune son quantum de conscience, qui va se fondre avec celle des autres éléments désintégrés, former la cénesthésie ou conscience totale de l’individu à ce moment-là. En revanche, la nuit, lorsque l’usure du système nerveux a atteint certaines limites, nous sommes en proie à un sentiment de fatigue, au besoin de dormir ; les sens s’émoussent, les impressions externes ordinaires ne suffisent plus pour ébranler les centres nerveux, qui ont besoin de réparation ; nous nous endormons, et, pendant le sommeil, c’est-à-dire pendant cette périodique prépondérance de la réintégration, nous sommes inconscients.

Et les rêves, dira-t-on ? Mais, que sont les rêves, sinon des irruptions sporadiques d’activité désintégrante dans les périodes d’activité réintégrante ? Soit qu’une région du cerveau, ayant travaillé moins que les autres, entre en vibration pour son propre compte, à la suite d’impressions trop faibles pour faire vibrer les régions fatiguées, et produise les états de conscience correspondants ; soit qu’une région du cerveau, ayant travaillé plus que les autres, continue à être le siège d’une vibration non encore complètement apaisée, et éveille des échos plus ou moins clairs des représentations correspondantes ; soit enfin que ces deux procédés se combinent et fournissent ainsi les associations variées et étranges qui constituent la trame des rêves, — toujours est-il que nous ne sommes conscients que de la désintégration cérébro-psychique, et nullement de la réintégration.

Au lieu de cette intermittence totale de la conscience, considérons