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conscient ? A cela M. Maudsley répond : lorsqu’il a un certain degré de persistance et d’intensité. Cette explication est pour le moins insuffisante : quoi de plus persistant et de plus intense que la « musique des sphères » dont M. Maudsley parle dans une note (à la page 17) ? — et pourtant nous ne l’entendons pas ; quoi de moins intense que le bruit des ailes d’un cousin, que nous entendons très-bien ? quoi de moins persistant qu’une étincelle électrique, que nous voyons dans tout son éclat ? Et si l’on tient à choisir les exemples au sein de l’action réflexe intercellulaire des couches corticales, c’est-à-dire de l’activité psychique dans le sens restreint du mot ; alors, assurément, l’on se persuadera bientôt que l’exercice et l’habitude réduisent une foule d’actes psychiques, d’abord concients, à l’automatisme complet, indépendamment de leur intensité et de leur persistance, — ce qui est admirablement exposé en maint endroit des Principes de psychologie de M. H. Spencer.

Lewes, dans son remarquable ouvrage intitulé Physical Basis of Mind, adopte et défend vigoureusement l’opinion contraire à celle de M. Maudsley : il soutient l’omniprésence de la conscience dans tout acte nerveux central, — sans exclure l’acte réflexe spinal le plus direct et le plus automatique, — avec la même ardeur que M. Maudsley soutient l’omni-absence de la conscience dans tout acte nerveux central, sans exclure l’acte réflexe cortical le plus indirect, le moins automatique, c’est-à-dire l’activité intellectuelle. Lewes va jusqu’à accorder à la moelle épinière des animaux décapités non-seulement une conscience vague et indéterminée, mais l’intelligence, l’intention, la volonté ; il n’admet point la réduction des actes psychiques corticaux à l’automatisme ; il combat la supposition que grâce à de fréquentes répétitions les changements psychiques cessent d’être tels et deviennent physiques ; selon lui, ils continuent à être psychiques et se distinguent par là des changements physiques.

Sans doute, si, à l’exemple des spiritualistes, on n’appelait « psychiques » que les changements conscients, on dépouillerait de leur caractère psychique les changements inconscients ; mais c’est ce que ne font pas ceux qui nomment automatiques les changements psychiques inconscients ; aussi, pour eux, il n’existe point de distinction essentielle entre les changements psychiques conscients et ceux qui ne le sont pas ; bien plus, il n’existe, pour eux, aucune distinction essentielle entre les changements psychiques et les changements physiques. En quoi, en effet, les changements psychiques conscients ne sont-ils pas physiques ? Sont-ils autre chose qu’une forme particulière de changements dynamico-matériels, n’ayant un aspect