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LA LOI PHYSIQUE DE LA CONSCIENCE


Tandis que la plupart des psychologues-physiologistes anglais sont d’accord sur les principes fondamentaux du monisme et sur la nécessité de renoncer au dualisme traditionnel, qui scinde l’être en deux essences différentes et opposées, ils sont en désaccord flagrant sur la participation de la conscience à l’activité nerveuse centrale.

Dans sa Physiologie de l’Esprit, M. Maudsley revient souvent sur cette question, à propos des différents centres nerveux ; il refuse absolument toute conscience à la moelle épinière, dont les réactions seraient purement mécaniques ; il s’efforce de la refuser aux centres sensoriels, situés à la base de l’encéphale, tout en reconnaissant que, dans ce cas, il est impossible de se prononcer avec la même assurance ; enfin, même en traitant des centres corticaux des hémisphères, il semble n’admettre qu’à regret la participation de la conscience à leur activité et s’attacher surtout à faire ressortir la possibilité de leur fonctionnement inconscient. La conscience est, selon lui, une chose tout à fait secondaire, un phénomène concomitant fréquent, mais nullement un facteur indispensable : un homme ne serait pas une moins bonne machine intellectuelle sans la conscience qu’avec elle ; l’agent continuerait son activité en l’absence du témoin.

Or, s’il est incontestable que conscience et esprit ne sont pas deux termes synonymes, indiquant une seule et même chose ; s’il est également incontestable que tout acte nerveux central, pris isolément, peut s’accomplir avec ou sans conscience, il ne s’ensuit nullement que l’activité des centres nerveux, dans sa totalité, puisse avoir lieu inconsciemment ; — et, de fait, cette activité est ou suspendue ou consciente. Ce qui prouve qu’au nombre des actes qui constituent cette activité il en est toujours quelques-uns qui sont conscients, et qui le sont nécessairement, c’est qu’il est impossible d’admettre qu’ils le soient accidentellement, sans détacher la conscience de son substratum nerveux, et sans risquer de tomber dans le dualisme. Reste à savoir quand et pourquoi un acte nerveux central est