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intrinsèque, ce qui résulte de l’analyse précédente ; ensuite leur identité, puisqu’une idée, une fois née dans l’esprit, implique toujours une certaine permanence dans l’objet qui lui a donné naissance, permanence que n’effacent point les transformations ultérieures de cet objet ; en troisième lieu leur nécessité, puisque l’intelligence ne peut sans contradiction nier qu’elle ait pensé ce qu’elle a pensé et méconnaître les résultats d’une synthèse dont elle a parcouru les divers éléments ; enfin leur universalité parce que « l’intelligibilité contenue dans une forme idéale dépend de la relation de l’esprit avec les choses par le moyen de la sensibilité et de la perception », et que cette relation est la même pour tous les esprits mis en relation avec les mêmes objets. M. Ferri se propose de déterminer dans un prochain article la part qui revient à l’esprit dans la formation de l’idée.

S’il ne retire pas dans ce second article les concessions qu’il semble faire dans celui-ci, nous aurons à constater, je ne dis pas dans son esprit, dont l’histoire antérieure ne nous est qu’imparfaitement connue et qui paraît d’ailleurs avoir toujours eu un penchant marqué vers la psychologie expérimentale à l’imitation des Écossais, du moins dans l’école dont il mérite d’être le chef, une transformation de la plus haute importance. L’objet dernier de la pensée étant placé non plus dans la pensée seule (ou plutôt au-dessus d’elle dans une région qu’elle seule peut atteindre quand elle perd de vue le monde extérieur), mais dans le monde extérieur, où elle ne peut le saisir que par l’intermédiaire de l’expérience, il semble que la philosophie mette le cap sur une direction toute nouvelle. Les changements de voie peuvent être insensibles à l’origine ; les conséquences s’en révèlent à mesure que l’on s’éloigne du point de départ. Or ce serait à une de ces bifurcations insensibles, mais décisives, que nous assisterions, si M. Ferri n’a point eu d’arrière-pensée en déclarant que « l’intellection est liée avec la perception, la perception avec la sensibilité, la sensibilité avec les phénomènes, et les phénomènes avec l’être. »

De la physiopsychologie du professeur Herzen, par G. Danielli. — Après avoir défendu la méthode subjective en psychologie et revendiqué l’indépendance de cette science, l’auteur examine de plus près les assertions de M. Herzen. Il les réduit à un syllogisme ainsi construit : « Tout ce dont la formation exige du temps est un mouvement moléculaire. Or la formation de tout acte psychique exige du temps ; donc le processus psychique est réellement un mouvement moléculaire. » De ce syllogisme, M. G. Danielli nie la majeure. Suivant lui, il n’est pas vrai que toute activité qui se manifeste dans des instants successifs soit nécessairement une force mécanique. C’est là une question intéressante et qui valait la peine d’être discutée : mais on la résout ici par une affirmation pure et simple.

La doctrine de la liberté selon Spencer dans ses rapports avec la morale, par R. Bobba. — Auteur d’un livre sur l’éducation en général et l’enseignement secondaire en particulier (1876), où il demande que la