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analyses. — lessewitch. Pisma o nautchnoi filosofii.

vain singulièrement aimables. Dans un commerce assidu de plusieurs années, M. Penjon ne s’est pas seulement imprégné des idées de Berkeley ; il a subi l’heureuse contagion de son caractère et de son esprit.

L. Carrau.

Lessewitch. Pisma o nautchnoi filosofii (Lettres sur la philosophie scientifique). Saint-Pétersbourg, 1878, in-8o, 208 p., chez Stassulewitch.

L’auteur de ce livre n’est pas un étranger pour les lecteurs de la Revue. Nous trouvons, dans le no de juillet de 1877, un compte-rendu détaillé du premier de ses ouvrages qui, sous le titre d’Essai d’une analyse critique des principes fondamentaux de la philosophie positive, donne un exposé consciencieux et original du positivisme d’Auguste Comte et de son école. L’ouvrage que nous avons sous les yeux en est pour ainsi dire le complément. Dans son travail précédent, M. Lessewitch avait montré les côtés faibles de la philosophie positive et avait essayé d’en ébranler à peu près tous les principes fondamentaux. Ici, il ne détruit plus : il trace les traits généraux de son système philosophique, qu’il oppose au positivisme, en définissant le sien comme véritablement « scientifique ». — Il avait déjà indiqué dans son premier ouvrage le Réalisme critique allemand, comme la direction philosophique qui lui convenait le mieux ; mais toutes les indications positives qui s’y trouvent y ont encore un caractère de circonstance, l’auteur ayant eu principalement pour but la critique de la philosophie de Comte. Dans son nouveau livre, il y revient encore à plusieurs reprises, mais ce n’est que pour donner plus de poids à son attitude « scientifique ». Le livre entier est rédigé dans un style grave, quelquefois obscur, témoignant par sa forme même de l’influence exercée sur l’auteur par la philosophie allemande. Nous ne dirons pas que cette influence lui ait donné du charme. Les langues slaves, en général flexibles, se prêtent difficilement aux longues périodes construites à la manière allemande. Mais ce qui blesse surtout une oreille peu faite à des expressions rudes et énergiques, c’est le ton de sa polémique avec différents écrivains et spécialement avec les critiques russes de son premier ouvrage. Nous savons bien que la langue russe abonde tellement en épithètes de ce genre violent, qu’il est difficile à un écrivain de cette nationalité de s’en défendre ; il aurait mieux fait cependant de les éviter dans un travail aussi sérieux. Il se peut bien toutefois que nous ayons tort et que cette tactique soit inévitable à l’égard des adversaires de l’auteur ; un autre genre de polémique ne produirait probablement aucun effet.

L’ouvrage entier est écrit sous la forme de lettres adressées à un jeune ami, auquel l’auteur désire donner un appui solide, au milieu du mouvement philosophique de nos jours. Il ne se donne que pour l’interprète de la direction récente, qui, fondée sur les résultats de la