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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


The Life and Education of Laura Dewey Bridgman, the Deaf, dumb and blind Girl, by her teacher Mary Swift Lamson (Vie et éducation de Laura Bridgman, par son institutrice). London, Trübner and Co. 1878. In-8o, xl-373 p.

D’après un auteur qui a fait des recherches sur ce sujet, il a existé dans les temps modernes au moins une quinzaine de personnes à la fois aveugles et sourdes-muettes, sur lesquelles il nous reste quelques documents écrits. Mais la plupart des observations de ce genre sont courtes, sans grande utilité psychologique. Parmi les cas détaillés[1] et instructifs, le plus connu, le plus souvent cité est celui de Laura Bridgman. Il n’y a guère d’ouvrage un peu important sur la psychologie qui n’ait eu occasion d’en parler. Jusqu’à ce jour cependant, il n’existait de ce cas aucune monographie complète. Ce que le public en connaît est dû à des récits de visiteurs ; mieux encore, à des rapports du Dr Lieber et du Dr Howe, publiés dans divers recueils américains. Il faut donc savoir gré à Mrs Swift Lamson de nous avoir donné un travail complet sur l’éducation de son élève et de nous avoir livré les extraits les plus importants de son journal.

Ce livre, qui retrace la vie de Laura Bridgman jusqu’à l’année 1878, se compose de documents dus à divers auteurs : l’Introduction par Edwards A. Park ; plusieurs extraits des rapports du Dr Howe ; le journal de Mrs Lamson, qui, après avoir été pendant trois ans l’institutrice spéciale de Laura Bridgman, a continué à vivre en relation intime avec elle pendant trente-sept ans ; enfin des documents écrits par Laura elle-même. Pris dans son ensemble, ce livre est loin d’offrir à chaque page, comme on pourrait le croire, un intérêt psychologique : beaucoup de remarques concernent l’art de l’éducation plus directement que la psychologie ; beaucoup de détails appartiennent à la vie journalière ; mais, de cette lecture, il reste comme l’impression d’avoir connu Laura Bridgman, d’avoir vécu avec elle, et il en résulte une vue assez nette de son développement intellectuel.

  1. Le plus important, jusqu’à celui qui nous occupe, est rapporté par Dugald Stewart (Observ. sur James Mitchell, etc. : Phil. de l’esp. humain, t. iii, appendice). Le présent ouvrage en mentionne quelques-uns dont il sera question ci-après : Elbridge Eames, Julia Brace, Olivier Caswell.