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SUR LE SOCIALISME


FRAGMENTS INÉDITS


AVERTISSEMENT

C’est en 1869 que M. J.-S. Mill conçut le dessein d’écrire un livre sur le socialisme. Il était frappé de voir que, en dépit des occupations qui semblaient attirer exclusivement l’attention sur d’autres sujets, les idées socialistes avaient fait durant les vingt dernières années de grands progrès parmi les classes ouvrières de tous les pays civilisés. Il avait la conviction que les tendances inévitables de la société moderne amèneraient de plus en plus sur le premier plan les questions qui s’agitaient dans le sein de cette société. Il y avait à ses yeux des raisons d’une grande importance au point de vue pratique pour qu’on soumît les idées socialistes à une étude poussée à fond et conduite avec impartialité, et qu’on appliquât à l’ordre actuel des choses des plans issus des théories qui offriraient les plus sérieuses garanties, lesquels mettraient fin d’une part à des souffrances reconnues, et d’autre part n’apporteraient point de perturbation sans nécessité aux relations sociales.

En conséquence, M. J.-S. Mill traça le plan d’un ouvrage qui devait embrasser le sujet tout entier et le traiter point par point. Les quatre chapitres que nous allons publier offrent sous une forme imparfaite la première ébauche des fondements de cet ouvrage. Si l’auteur avait pu l’écrire en entier et le recomposer une seconde fois, comme il en avait l’habitude, le livre sorti de ses mains ne nous présenterait pas ces chapitres dans l’ordre où nous les donnons. M. J.-S. Mill les eût incorporés dans différentes parties de son livre.

Ce n’est pas sans beaucoup d’hésitation que nous avons accédé au désir du Directeur de la Revue en publiant ces fragments : nous y avons consenti, parce qu’il nous a paru que ces chapitres ont une grande valeur intrinsèque, aussi bien parce qu’ils traitent de questions qui s’imposent actuellement à l’attention du monde que parce qu’ils ne diminuent en rien, à notre avis, la réputation littéraire de leur auteur, et qu’ils offriraient plutôt un exemple du travail auquel il faut se livrer pour faire un bon livre.

Helen Taylor.