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penjon. — métaphysique phénoméniste en angleterre

et la conscience réfléchie qui nous donne ici la ligne de démarcation demandée. La perception directe n’est pas exclue in toto du monde invisible ; elle l’est seulement par rapport à nous, qui ne pouvons connaître ce monde que par réflexion.

Mais revenons à la question de savoir si le temps, l’espace, la sensation, les postulats et l’axiome sont nécessaires tous ensemble à la constitution du monde invisible. Il ne peut y avoir ni conscience, ni existence sans le temps et la sensation. Peu importe le genre ou les genres de ces sensations. Existence signifie présence dans une conscience ; conscience signifie séquence de sensations ou changement de sensations dans le temps ; nous n’affirmons rien de plus.

Laissons de côté l’espace, et occupons-nous d’abord des postulats et de l’axiome. « Il pourrait sembler, à première vue, que les postulats logiques et l’axiome de l’uniformité n’ont pas cette valeur universelle et nécessaire qui seule nous autoriserait à les affirmer du monde invisible. Le changement des sensations dans le temps est l’aspect subjectif de l’existence, en tant que la réflexion les considère l’un et l’autre. Les deux aspects sont la moitié de l’objet total de la réflexion, et la moitié subjective est l’analyse, en philosophie, de la moitié objective. Une pure existence semblerait donc ne contenir rien de plus, d’une manière nécessaire, que le temps et la sensation. De plus, à un autre point de vue, en accordant que esse signifie percipi, on pourrait soutenir que le même mot n’est, pas en même temps synonyme de concipi, mais l’exclut au contraire. Les postulats et l’axiome sont bien la base de toute pensée, de toute conception, de tout raisonnement ; mais, bien qu’ils présupposent la perception, la perception ne les présuppose en aucune manière. » En un mot, le monde invisible pourrait être considéré comme un chaos de perceptions non soumises aux postulats ni à l’axiome, incapables d’être ramenées à un ordre de pensées ou de conceptions quelconques.

Une seule réponse suffit à ces deux arguments. Le procédé ou la fonction de réflexion n’est pas l’objet ou le résultat de la philosophie ; il en est la base. Dire que le changement de la sensation dans le temps est l’aspect subjectif de l’existence, c’est énoncer un résultat de la réflexion qui nous donne ainsi l’existence dans les termes en quelque manière les plus humbles. Un nouvel exercice de la réflexion nous donne son objet total, à savoir l’existence et son aspect subjectif tout à la fois. Mais cette perception de l’équivalence de ces deux aspects et de l’impossibilité de les séparer enveloppe les postulats et l’axiome. Nous ne pouvons constituer le monde invisible avec le temps et la sensation et en exclure les postulats et l’axiome, sans le ramener à un monde de perception