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penjon. — métaphysique phénoméniste en angleterre

si nous n’avons d’abord adopté celle-ci. La perception nous donne ce que nous appelons ensuite un cours d’objets ; l’élément caractéristique dans le raisonnement, celui qui est exprimé par les postulats, consiste à arrêter une portion de ce cours, à le rendre statique, à le traiter comme passé, et à aller (non pas en avant), mais en arrière, à revenir sur lui. La question n’est plus de savoir ce qui sera, mais ce qui a été, et cela quelle que puisse être la durée de la portion arrêtée. Un éclair instantané, une demi-seconde, une heure, un jour, un an, un million d’années, le cours entier du temps, — toute chose est ce qu’elle est. »

M. Hodgson montre alors que l’axiome de l’uniformité du cours de la nature se ramène en définitive au principe d’identité, et il résume sa démonstration en ces termes : « Les postulats logiques sont à eux-mêmes leur propre justification ; ils n’ont pas besoin d’en recevoir une autre, et ils ne le pourraient, aussi loin du moins que l’analyse puisse porter. J’entends par là qu’il est impossible de prouver qu’ils doivent être vrais ; nous pouvons seulement montrer ce qu’ils signifient, qu’ils n’ajoutent rien et ne doivent rien aux percepts dont ils sont comme le moule. On ne peut les démontrer, car ils sont eux-mêmes la condition de toute démonstration. Mais l’axiome d’uniformité, en pratique, a besoin d’une justification, et ce qui le prouve, c’est la discussion même de la valeur qui lui appartient. Il en a besoin, parce que, sous la forme d’axiome, et en tant qu’il exprime l’aspect phénoménal des choses, il ne peut être vérifié par des présentations sensibles. Nos sens en effet cessent de percevoir des différences de sensations longtemps avant que l’infini, en grandeur ou en petitesse, soit épuisé. L’expérience, au sens ordinaire du mot, ne peut donc jamais justifier pleinement ces axiomes. Mais il reçoit sa justification du principe d’identité dont il est l’aspect phénoménal. »

L’axiome est donc nécessairement vrai comme les postulats. Mais il n’a pas le sens que lui donnent les savants ; il ne veut pas dire que rien ne s’opposera jamais à la production des phénomènes que nous avons observés, qu’une condition actuellement inconnue, par exemple, ne viendra pas empêcher la formation de l’eau quand l’oxygène et l’hydrogène se combineront en certaines proportions. Il serait faux en ce sens. Bien loin d’impliquer que nous connaissions actuellement toutes les conditions des phénomènes, il implique plutôt le contraire. En effet, le premier pas que nous faisons pour raisonner, qui suppose déjà, en même temps que les postulats, l’axiome de l’uniformité, ne suppose aucune connaissance de conditions, quelles qu’elles soient. C’est à la perception à nous révéler le contenu et du cours de la pensée auquel les postulats s’appliquent et du cours des