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complète. Le lien est toujours le lien de la perception. La durée continue enveloppée dans les percepts et dans la chaîne des percepts en est inséparable, et, lorsque ces percepts sont supposés être séparés l’un de l’autre, elle apparaît entre eux comme le lien inévitable. Ce lien est donné avec les choses mêmes, et nous n’avons pas à rechercher comment il s’établit : lang|la|Frustra quæritur quomodo inter ea conjunctio efficitur quæ non nisi conjuncta reperintur}}. Une conscience qui pourrait résoudre ce problème ne serait pas moins infinie que l’univers lui-même ; tout ce qui est possible et nécessaire elle l’embrasserait d’un seul coup d’œil.

III

Le troisième livre de la Philosophie de la réflexion est consacré à l’analyse des phénomènes. Les distinctions et les principes établis dans les deux livres précédents vont être appliqués au raisonnement philosophique relativement aux phénomènes en général. Mais nous avons encore une distinction à faire entre les aspects et les éléments d’une part, les conditions de l’autre. On confond universellement celles-ci avec ceux-là.

« Nous pouvons, dit M. Hodgson, considérer un objet quelconque de la réflexion de trois manières, voir : 1° quelles sont les parties constitutives de cet objet en tant que perçu ; 2° quel caractère il offre en tant que formant un tout, à la différence de tout autre objet ; 3° avec quelles autres choses, distinctes de lui-même, il est en relations définies de temps et d’espace… Les éléments constitutifs découverts dans cet objet de réflexion sont ce que je nomme les éléments ; les caractères particuliers et exclusifs de ce tout en sont les aspects, et les autres choses avec lesquelles l’objet en question est en rapport sont les conditions de cet objet. » L’étude des éléments et des aspects détermine la nature des phénomènes, est une étude statique et appartient essentiellement à la métaphysique, tandis que déterminer les conditions c’est faire l’histoire des phénomènes, c’est en faire une étude dynamique.

Rien n’est plus funeste en philosophie que la confusion de ces trois choses : les éléments, les aspects et les conditions. Faute de faire cette distinction on s’expose fatalement à ne créer qu’un système empirique ou un système ontologique, et ce dernier encore est une forme de l’empirisme, avec cette différence toutefois que les entités, que Ton néglige d’analyser, sont plus abstraites et impopulaires. Elle est la condition nécessaire de la métaphysique.