Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VII.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée
172
revue philosophique

produit d’abord, c’est une seule proposition, une proposition négative : A n’est pas non-A. Nous avons ainsi les termes contradictoires, A et non-A, en vertu du principe d’identité A est A ; car nous avons A est A, et non-A est non-A, et, d’après le troisième postulat, il n’est rien qui ne soit ou A ou non-A. Les trois postulats se tiennent : poser l’un, c’est les poser tous les trois, et l’on ne peut contredire l’un d’eux sans les contredire tous. Mais c’est du second postulat, du postulat de contradiction, que naissent les termes contradictoires. Il faut remarquer, en outre, qu’il n’y a pas de percepts entièrement contradictoires ; les termes contradictoires, comme tels, sont seulement des catégories de la pensée et non des catégories de la perception. En effet, dans cette proposition : A n’est pas non-A, le terme négatif non-A n’a pas de contenu ; tout son contenu possible est dans le terme contradictoire A, lequel est totalement nié du premier. Le contenu positif est donc tout entier dans le sujet et non dans le prédicat.

Comment pouvons-nous donc passer, dans les propositions, pardessus le point de contradiction, et, sans violer les postulats, sortir de ce cercle en apparence fermé, A est A ? C’est l’expérience qui nous fait faire ce pas. Tout dépend de ce que nous entendons par A, de ce que nous percevons en lui. Cet A, pour parler comme Aristote, σημαίνει τι, et la question est de savoir : τί σημαίνει ; En A, nous avons devant nous un contenu de perception. L’attribut de la proposition consiste précisément dans ce contenu, ou dans une partie de ce contenu. Cet A, un chapeau, si l’on veut, a des qualités ; il y a entre ces qualités des relations ; il a lui-même des relations avec d’autres objets, hors de lui, avec d’autres percevants, etc. Il est une partie de l’univers en connexion avec les autres parties. Ces qualités, ces relations sont des parties du chapeau total et fournissent les attributs dont il est le sujet. « La copule est exprime l’accord (the coalescence), c’est-à-dire l’union (le fait d’unir) en une seule image des attributs entre eux et avec le chapeau. Notre perception de ce que ce chapeau est, et de ce que sont ses relations, comme percepts, détermine notre choix des attributs, est leur conditio existendi comme prédicats, tandis que, réciproquement, leur application comme prédicat est la conditio cognoscendi dans notre connaissance logique ou raisonnante du chapeau. Le sujet détermine ses prédicats dans l’ordre des percepts, parce qu’il est un percept ; les prédicats déterminent le sujet dans l’ordre des concepts, en leur qualité de concepts. » Ces attributs sont fournis par la perception, et c’est la conception qui les range et les ordonne ; ils ne sont pas des créations du concept ; ils ne sont pas non-A, car la