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jugement, un jugement combiné avec un autre, exactement comme les termes sont combinés dans les jugements. Le rôle de la copule dans les propositions catégoriques, le moyen terme le remplit dans les syllogismes catégoriques. Le syllogisme est donc un procédé beaucoup plus abstrait et général que l’induction ou la déduction, bien qu’il soit commun à l’une et à l’autre et serve à les distinguer également toutes les deux de la simple perception. La marque par laquelle le raisonnement se distingue de la perception n’est caractéristique spécialement ni du raisonnement déductif ni du raisonnement inductif : elle consiste dans l’acte d’attention qui transforme les percepts en concepts, et, dans son expression, les postulats de la logique. »

Il importe de remarquer le sens exact de la copule. Elle ne désigne pas autre chose que l’accord ou le désaccord (coalescence ou non-coalescence), et c’est vicier la logique dans ses fondements que de vouloir lui faire marquer ou l’identité, l’égalité, ou la convertibilité des termes. Les mathématiques, où le mot est se remplace exactement par le signe =, sont comme une subdivision de la logique, qui est bien plus abstraite et générale. En substituant, comme on l’a fait, la compréhension à l’extension et à l’intension, en considérant toute proposition comme quantitative (by the quantification of propositions), on a fait durer jusqu’à nos jours le règne d’une logique formelle dont on sentait vivement déjà au temps d’Érigène l’inutilité et la tyrannie. En la corrigeant, on donnerait du même coup un grand développement à cette branche de la métaphysique, que nous nommerons exactement la métalogique. » Il faut montrer pour cela la vraie relation de l’analyse de la pensée comme procédé avec l’analyse de la perception, et par là on réfuterait non-seulement l’erreur mécanique, anti-analytique et anti-philosophique de l’école, spécialement anglaise, qui s’obstine à étudier séparément la conscience directe, mais encore celle de l’école allemande, qui, tout en voyant la vraie nature du procédé de la pensée, en reconnaissant qu’elle consiste dans l’analyse de tous les êtres, de toutes les choses déjà faites, refuse cependant d’admettre que ce procédé dérive de la perception et que l’ordre des concepts dérive de celui des percepts, dont il est une modification.

L’analyse des percepts et des concepts dans les modes primitif et direct de la conscience suppose déjà l’exercice de la réflexion dans la perception et la conception ; car, sans un retour de la conscience sur elle-même, nous n’aurions pu ni distinguer un objet de la perception que nous en avons, ni distinguer l’ordre des percepts de celui des concepts. Mais nous avons maintenant à expliquer ce que