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penjon. — métaphysique phénoméniste en angleterre

différentes comme une suite de percepts, présentations ou représentations ; nous appelons en effet percept une partie quelconque de cette suite, quelle que soit cette partie, pure présentation, pure représentation, ou mélange de présentation et de représentation, de même que nous nommons rédintégrations de telles suites où les représentations doivent être de beaucoup les plus nombreuses. La conception est au contraire une rédintégration volontaire par opposition aux rédintégrations spontanées.

Demander comment le cours des états de conscience, c’est-à-dire des sensations différente, se divise en portions d’inégale complexité, d’où résulte cette masse d’objets que nous appelons le monde, ce n’est pas demander quel pouvoir ou quelle force produit cette division ; car ce ne serait pas là une question de métaphysique, concernant la nature des divisions ; c’est plutôt rechercher quel trait, dans ce courant continu lui-même, est l’antécédent ou la condition invariable de sa division en portions ou en objets séparés. Nous n’avons donc pas à nous occuper des deux solutions que l’on a coutume de proposer contradictoirement, en disant que le moi lui-même a ce pouvoir de distinguer les objets et de les créer ainsi en quelque manière, ou qu’il y a une force antérieure et au cours de nos sensations et aux objets, une force inaccessible, qui produit à la fois et ce cours de sensations et les objets.

Quel est donc cet antécédent invariable de toute division du courant des états de conscience ? Ces états nous arrivent, si l’on peut parler ainsi, en masse, et l’analyse seule peut y découvrir les minima que nous avons étudiés. Mais, parmi toutes ces sensations diverses, il en est dont les différences sont plus frappantes, les contrastes plus marqués. C’est à celles-là que nous faisons attention ; l’attention est la condition invariable de la division dont nous avions à déterminer la nature. Un éclair, un son éclatant, etc., intervenant dans la rédintégration, arrêtent l’attention ; nous nous demandons : Qu’est cela ? et nous retenons cette sensation, nous nous la représentons, longtemps après que nous avons cessé de voir ou d’entendre.

« La réaction exprimée par le Qu’est cela ? est le moment précis de l’attention. Ce n’est pas la tension ou le sentiment de l’effort, ou la sensation nerveuse, qui accompagne l’éclair ou le son, mais bien la réaction contre le phénomène. Cette réaction a pour condition et pour cause déterminante une pure différence de degré, une différence de plus ou de moins dans la sensation. La réaction, l’attention elle-même est le commencement d’une différence de genre entre les états qui la précèdent et ceux qui la suivent.

C’est ce moment de l’attention qui nous donne la distinction du