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en appelons. De la même manière, bien que l’image des objets sur la rétine soit renversée, nous les voyons droits, parce que nous identifions le visible et le tangible et que le toucher juge en dernier ressort.

Si nous faisons abstraction des présentations, quel est l’ordre actuel dans lequel se produit spontanément une rédintégration représentative ? quelle est, en d’autres termes, « la loi de l’association des idées ? » Les lois déjà connues, celles de Hume en particulier, sont insuffisantes ; il nous faudrait une seule loi qui dominât et permît de concilier toutes les autres. Sans entrer en des développements déjà donnés dans ses précédents ouvrages, M. Hodgson se borne à dire que l’ordre de séquence dans une rédintégration représentative spontanée, que l’on considère par hypothèse, comme indépendante des présentations, est une résultante de la vivacité, de la fréquence et de l’intérêt (du plaisir qu’elles nous procurent) de nos sensations. « Entre eux, dit-il, ces caractères déterminent l’ordre de la rédintégration. Mais ils se mêlent à tous les degrés et se combinent avec d’autres sensations des genres les plus divers. Une sensation peut être habituelle sans être vive ou agréable ; une autre, agréable sans être vive, et ainsi de suite indéfiniment. Si une sensation est à la fois extrêmement vive, tout à fait habituelle et très-agréable, la chance qu’elle a de reparaître est énorme, et elle est un mobile presque irrésistible. »

Les conditions physiologiques des associations d’idées, dans l’état actuel de la science, sont à peu près impossibles à indiquer d’une manière précise. Ici, comme lorsqu’il s’agit de la mémoire, c’est à l’analyse métaphysique de guider l’analyse psychologique en dirigeant les recherches des physiologistes.

L’analyse de la rédintégration représentative nous donne la mémoire et l’imagination dans leurs traits rudimentaires. Les lois de l’association, étant les lois de la conscience en action, nous permettent aussi de saisir la volonté à son origine. De lui-même, un organisme conscient, en bonne santé, cherche le plaisir et évite la peine. Le jeu spontané des sensations, l’action réciproque des sensations vives et habituelles, d’une part, des sensations agréables, de l’autre, cette action spontanée, est un état antérieur à la volonté et qui contient les rudiments d’où elle doit naître. La volition est un choix conscient entre ces mêmes sensations qui composent le courant d’une rédintégration spontanée ; elle est cette même action modifiée, nous verrons comment et à quelle fin, par une réaction de l’organisme lui-même.

Nous avons considéré jusqu’à présent la succession de sensations