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penjon. — métaphysique phénoméniste en angleterre

conscience, M. Hodgson se déclare franchement pour le matérialisme. Il explique d’une manière analogue l’illusion assez commune où nous tombons lorsque nous nous imaginons avoir déjà vu un objet, ou déjà fait un raisonnement, que nous n’avons jamais vu ou jamais fait. Cette impression résulte de ce que, les organes nerveux étant doubles, il peut se produire deux processus, qui ne sont pas exactement simultanés et ne donnent point alors, comme dans les cas ordinaires, une résultante véritablement une. La diversité, même très-petite, de deux images, par exemple, fait que nous les rapportons à des temps différents, comme dans le cas de la mémoire vraie. Pour revenir à l’exemple de souvenir que nous donnions tout à l’heure, nous percevons à la fois les deux représentations du froid, chacune avec un accompagnement de notions différentes, comme faisant partie d’une suite dont les intermédiaires peuvent être, eux aussi, rappelés à la mémoire. Dans le souvenir, il n’y a pas autre chose qu’un agrandissement du minimum de conscience analysé plus haut et dans lequel déjà nous avons trouvé la mémoire en acte.

« Le problème de l’association se rapporte à la nature de l’ordre dans lequel les parties empiriques d’une rédintégration se suivent l’une l’autre, tendent à se suivre l’une l’autre, alors que la volition n’intervient pas. » Ce problème est l’un des plus obscurs et des plus difficiles, à cause de l’impossibilité où nous sommes de constater l’action de nombreux processus nerveux, action réelle, mais souvent inconsciente. Quelle est d’abord la direction de la suite dans une rédintégration représentative ? L’expérience nous apprend qu’elle n’est pas nécessairement la même que dans la présentation. Supposons une série de présentations que nous appellerons, en suivant l’ordre où elles se produisent : rouge, vert, jaune et bleu. Un son, par exemple, nous rappelle le bleu ; cette représentation du bleu peut rappeler à son tour le jaune, le vert, le rouge ; l’ordre est alors l’inverse de l’ordre de présentation ; il sera le même, au contraire, si le rouge se représente le premier. Il n’y a donc pas de rapport nécessaire entre les deux ordres, et cependant l’ordre de présentation a sur l’autre une influence facile à reconnaître. C’est ainsi que dans les songes nous construisons toujours la fable, quelle que soit, dans le cerveau, la suite des représentations, comme si c’était une histoire vraie, présentative.

Absolument, il n’y a pas de premier ni de dernier dans le temps, comme il n’y a pas, absolument, de haut et de bas dans l’espace. C’est l’ordre de présentation que nous nommons réel, par opposition à celui des représentations, et c’est à celui-là en définitive que nous