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UN MÉTAPHYSICIEN PHÉNOMÉNISTE

EN ANGLETERRE


M. SHADWORTH H. HODGSON


II

Le premier problème[1] de la philosophie analytique ou métaphysique est résolu : il n’y a pas de choses en soi, parce qu’il n’y a pas d’existence au delà de la conscience. Kant a formulé le second problème dans cette question : Comment les jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ? Il n’est pas nécessaire d’admettre cette formule, de recourir à aucune forme synthétique a priori de la pensée ; mais il faut rechercher si la loi de l’uniformité de la nature, la loi de raison suffisante, ou la loi de causalité, a une nécessité stricte, inviolable ; il faut trouver, s’il est possible, une base métaphysique pour les sciences, c’est-à-dire une loi, qui ne dépende pas, en dernier ressort, de l’ordre expérimental des phénomènes, mais qui, ayant une autre source indépendante de cet ordre, nous donne la certitude non-seulement que l’uniformité de la nature n’a jamais été violée, mais encore qu’elle n’aurait jamais pu l’être et ne le pourra jamais.

La solution de ce second problème, après celle du premier, est la seule condition pour aborder avec quelque sûreté l’examen des questions qui nous intéressent le plus, celles de l’existence de Dieu, de la liberté et de l’immortalité. Ces dernières questions sont du domaine de la philosophie constructive, à laquelle la philosophie analytique, la métaphysique, peut seule nous conduire.

Mais avant de chercher à résoudre le problème relatif à la loi de l’uniformité de la nature, il faut employer la méthode de réflexion à analyser le contenu de la conscience, ses éléments, en d’autres ter-

  1. Voir la Revue philosophique du 1er décembre.