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Les sensations sont, à proprement parler, isolées et singulières ; mais notre organisme est susceptible de reproduire, avec différents degrés d’intensité, les sensations éprouvées à des instants différents, ce qui permet les perceptions d’ensemble et les représentations (Vorstellungen). Celles-ci, entendues comme exclusivement sensibles, sont d’ailleurs élémentaires, — ainsi celles du vert ou du bleu, — ou composées, — comme celles d’un cheval ou d’un arbre.

À chaque représentation correspond un concept (Begriff) qui en est pour la pensée comme le signe ou le symbole. Ainsi, à la représentation sensible d’un certain vert déterminé, nous substituons le concept intellectuel d’une raie du spectre solaire ou d’une longueur d’onde précisée dans notre pensée.

Il y a ainsi des concepts élémentaires et des concepts composés. Mais, outre les concepts s’appliquant aux choses, de même que les représentations, d’autres appartiennent plus proprement à la faculté pensante ; par combinaison, ils atteignent un degré supérieur d’abstraction et d’indétermination et s’appliquent à des idées.

La loi de combinaison des concepts est mathématique ; c’est-à-dire qu’un concept composé est une fonction, au sens technique du mot, des concepts élémentaires qui le composent. La logique des concepts, ainsi élevée au rang de science exacte, est donc en fait réduite aux mathématiques, sans que celles-ci se trouvent d’ailleurs élargies.

Si l’on veut dresser un tableau des concepts, il faut distinguer trois grandes classes :

1o Les concepts de la pensée (Denksbegriffe) ;

2o Les concepts de la sensation (Empfindungsbegriffe) ;

3o Ceux combinés des premiers et des seconds.

Dans la première classe, on distingue les concepts de relation, — désignation qui se rapporte à la faculté pensante sous ses différentes formes, distinction et différenciation, union et comparaison, — et les concepts d’intuition, création de la pure faculté pensante par combinaison des précédents.

Une classification complète des concepts de relation est impossible dans l’état actuel de la langue, mais on peut distinguer les catégories de l’identité et de la différence, de la quantité et de la qualité, enfin de la dépendance ou fonction.

Les concepts de l’intuition se rangent sous les catégories de la succession (Nacheinander, série, grandeur, nombre, suivant les déterminations de l’arithmétique), — de la juxtaposition (Nebeneinander, grandeur, nombre en géométrie), — du mouvement en tant qu’acte de la faculté pensante. On voit que ce classement particu-