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correspondance.

dispenser de cette tâche, parce qu’à mes yeux, dans un ouvrage où l’on se propose d’exposer un développement d’une aussi grande étendue que celle existant entre le mouvement réflexe physiologique et la plus haute pensée scientifique, il est surtout urgent d’examiner à chaque pas l’enchaînement exact du raisonnement et de s’assurer que les différentes phases sont en réalité la conséquence l’une de l’autre. En outre, dans beaucoup de cas, le seul moyen de s’orienter au sujet de la direction à prendre était de se rappeler le chemin suivi jusque-là, et certes on n’a pas le droit d’appeler répétition un tel regard jeté en arrière qui conclut et détermine le développement antérieur et qui permet de nous orienter pour celui qui va suivre.

Heureusement, l’auteur de la critique donne lui-même une indication précieuse au sujet de ce qu’il appelle répétition : il dit que dans tout le IVe livre, depuis la page 152 jusqu’à la fin, je reviens sur mes pas, ce qui était « rendu nécessaire par la confusion des analyses précédentes ». En réalité, il paraît avoir été induit en erreur par ce passage du commencement : « Le présent chapitre est consacré à un repos d’un instant, à un regard jeté en arrière pour nous orienter, » etc., et, supposant en conséquence que ce chapitre contenait seulement des répétitions, il n’en a guère lu davantage que les quelques lignes finales citées. Autrement, comment aurait-il pu expédier en quelques mots toutes les recherches sur l’unité de la pensée et de la représentation, comme sur la limite qui sépare la pensée des états psychiques antérieurs de la conscience, du souvenir et de la sensation, quand d’une part il est impossible de contester la nécessité et l’importance de ces recherches et que d’autre part elles n’ont pas été faites et n’ont pas pu être faites dans les parties précédentes du livre. Mon soupçon est confirmé par la remarque échappée à M. Reinach au commencement de son compte rendu : Le présent volume sort des généralités où se complaisait le premier. Eh quoi ? est-ce que je comprends bien ? tout le premier volume ne contiendrait que des généralités ? Cette observation, à la vérité, est aussi bien fondée que celle relative aux fréquentes répétitions. Ainsi l’auteur de la critique n’a pas remarqué — et en cas de besoin il aurait pu le voir dans la table des matières — que le premier volume contient l’importante analyse, spéciale et étendue, de la représentation, de la conscience et du souvenir, outre l’exposition fondamentale des substrata physiologiques et des processus dans les plantes et les animaux.

2o Voilà ce que nous avions à dire de la disposition et des répétitions. Le deuxième verdict prononcé contre moi par M. Reinach, c’est que je suis coupable de présomption. Quoiqu’exprimée seulement dans de courtes allusions jetées incidemment, cette accusation témoigne d’une plus grande malveillance que la précédente. Si le critique avait pris la peine de lire la préface du 1er volume, il aurait vu avec quelles réserves modestes j’ai annoncé l’Essai d’une psychologie basée sur des fondements nouveaux ; j’ai fondé l’espoir que mon essai aura un peu