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ANALYSESlazarus. — Das Leben der Seele.

en définitive la formation des groupes et séries de représentations, et son résultat suprême est la formation de ce qu’on appelle la raison (Vernunft). La raison n’est pas plus que la mémoire ou l’imagination un pouvoir primitif, un système inné de principes ; « mais c’est l’ensemble de ce que l’âme humaine produit, dans toutes ses formes, de plus élevé et de plus irréprochable (tadellos) ; elle n’est pas donnée dès le début, mais elle résulte d’une longue série de développements antérieurs » (§ 299).

Tels sont les quatre processus fondamentaux dont le développement et la confirmation sont le but du livre de Beneke. On a pu remarquer que, à part sa théorie des résidus inconscients, certaines hypothèses sur le mécanisme des états psychiques qui le rapprochent de Herbart et son effort pour tout expliquer par un petit nombre de formes d’activité, Beneke se rapproche beaucoup de l’esprit et de la méthode des Écossais. Ajoutons que, quoiqu’il parle à chaque instant de procéder comme dans les sciences naturelles, il n’en affirme pas moins (§ 38) l’immatérialité de l’âme et d’autres hypothèses purement métaphysiques.

Il ne faut pas oublier d’ailleurs qu’avant tout son but est pratique. « Les forces ou facultés de l’âme développée se composent des traces laissées par les excitations extérieures. » Tel est le principe qui résume la psychologie de Beneke et qu’il s’est attaché à vérifier, depuis la simple perception jusqu’aux formes les plus complexes. On comprendra l’influence considérable qu’il devait attribuer à l’éducation, si l’on réfléchit au rôle important que jouent dans sa psychologie les excitations extérieures, les traces qu’elles laissent, qui par leur reviviscence constituent la nature intellectuelle de chaque homme. De là aussi la préférence que sa psychologie a obtenue chez tous ceux qui, en Allemagne, se sont occupés de l’éducation. Son influence sur eux a été incontestable, et le nombre des écrits qui en portent la marque est grand. Dressler signale surtout le Pädagogischer Jahrbuch de Diesterweg et les Pädagogischer Realencyclopädie de Hergans. Beneke avait d’ailleurs commencé lui-même la publication d’une Revue de psychologie pratique appliquée à la vie (Archiv für die pragmatische Psychologie oder die Seelenlehre in der Anwendung auf das Leben, 1851), qui ne dura que trois ans et fut interrompue par sa mort. Son influence se retrouve aussi dans les écrits de Rau, de Ditter et même d’Ueberweg. L’édition qui vient de paraître prouve qu’il a encore des lecteurs et qu’il ne méritait pas l’oubli complet où il est resté chez nous.

Th. Ribot.

Lazarus. — Das Leben der Seele in Monographieen ueber seine Erscheinungen und Gesetze (la Vie de l’âme : monographies sur ses phénomènes et ses lois). in-8o. Berlin, Dümmler. 1878, 2e édition. Tome II.