Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/548

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
538
revue philosophique

Vient ensuite un troisième fourreau, le fourreau des esprits vitaux (prânamaya kosha), qui les contient spécialement, mais qui recouvre en outre les deux précédents[1].

Les esprits vitaux sont au nombre de cinq : le prâna ou l’expiration, dont le siège est à l’extrémité du nez ; l’apâna ou le flatus ventris, dont le siège est à l’anus ; le vyâna, qui circule et réside dans le corps entier ; l’udâna ou l’inspiration, qui a son siège dans la gorge ; enfin le samâna, qui agit au milieu du corps et dont les fonctions consistent à produire la digestion et l’assimilation des aliments, ainsi que la sécrétion des sucs nourriciers, ou des humeurs, du sang, de la semence et des excréments[2].

Les esprits vitaux sont formés de parties mélangées de la qualité de rajas de chaque élément[3].

Les trois fourreaux dont la description vient d’être donnée forment ensemble ce qu’on appelle le corps subtil (sûkshma-çarîra)[4].

On peut considérer tous les corps subtils d’une manière collective, ou au point de vue individuel, c’est-à-dire, soit comme une forêt prise dans l’ensemble des arbres qui la composent, soit en ayant égard à chacun des arbres qui forment cette même forêt[5].

L’âme unique qui réside dans les corps subtils considérés dans leur ensemble[6] s’appelle hiranyagarbha.

Les âmes individuelles qui renferment les corps subtils considérés d’une manière partitive, portent le nom générique de taijasa[7].

Taijasa ainsi qu’hiranyagarbha a pour situation caractéristique l’état de sommeil. Les impressions qu’ils éprouvent sont celles qu’ils empruntent à l’état de veille : ils perçoivent les objets subtils ou ceux sans doute qui ont déjà passé au crible des sens dans l’état de veille[8].

  1. Véd.-Sâra, no 57
  2. Véd.-Sâra, no 54.
  3. Véd.-Sâra, no 56.
  4. Véd.-Sâra, no 60.
  5. Véd.-Sâra, no 61.
  6. Il convient de se rappeler à ce propos que la division des âmes n’a rien de réel. En fait, il n’y a qu’une âme.
  7. Véd.-Sâra, nos 62 et 64.
  8. Véd.-Sâra, nos 65 et 66. — Il est un état de l’âme, considérée collectivement ou individuellement, qui précède celui-là. C’est alors qu’elle n’est munie ni d’organes intellectuels ni d’organes matériels, mais qu’elle se trouve déjà en contact avec l’ignorance et subit ses effets, du moins en ce qu’elle est déjà individualisée, si l’on peut s’exprimer ainsi.

    En cet état, l’âme, considérée collectivement, est appelée îçvara ; considérée individuellement, elle prend le nom de prâjña. Dans les deux cas, elle se trouve enfermée dans le fourreau de bonheur (ânândamaya kosha). Elle y réside dans un repos parfait, qui n’est autre que l’état de profond sommeil (sushupti). — Véd.-Sâra, nos 25 et 27.