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tout être organisé, c’est la convergence de tous les phénomènes qui le constituent vers un centre commun. Même aux plus bas degrés, encore vacillante et indécise, la vie apparaît comme l’unité d’une multiplicité hétérogène. Tout être vivant a un dedans, qu’il en ait conscience ou qu’il l’ignore. Suffit-il de dire, pour marquer ce caractère essentiel, que les changements hétérogènes à la fois simultanés et successifs qui le constituent sont en combinaison définie et en correspondance avec les phénomènes extérieurs ? Nous ne le pensons pas, car on peut, nous semble-t-il, imaginer ou concevoir des séries simultanées de phénomènes divers, se développant linéairement avec d’autres phénomènes. On aurait alors, pour ainsi dire, un ruban déroulé et développé ; mais la vie est quelque chose de plus : c’est ce ruban enroulé autour d’un axe.

La définition de la vie sert à délimiter avec rigueur le domaine de la biologie. Si la vie est ce qui a été dit plus haut, la science de la vie sera « une interprétation de tous les phénomènes de structure et de fonction dans leurs relations avec les phénomènes du milieu ». D’où les divisions suivantes dans la biologie :

1° Exposition des phénomènes de structure présentés par les organismes individuels (morphologie et embryologie) et par les successions d’organismes (anatomie comparée et embryologie comparée) ;

2° Exposition des phénomènes fonctionnels que présentent les organismes individuels et les successions d’organismes ;

3° Exposition des actions de la structure sur la fonction, et des réactions de la fonction sur la structure, et dans les organismes individuels et dans les successions d’organismes ;

4° Exposition des phénomènes qui accompagnent la production des successions d’organismes, c’est-à dire « des phénomènes de genèse ».

Mais, comme le remarque M. Spencer, c’est là une distribution idéale, d’où la science, à cette heure, est encore loin. Aussi n’en tient-il pas compte et commence-t-il par exposer « les généralisations empiriques établies par les naturalistes et les physiologistes ». — C’est la matière de la seconde partie de l’ouvrage, intitulée les Inductions de la biologie.

Ces inductions, relatives aux faits de croissance, — accroissement de volume, de développement, — accroissement de structure, de fonction, d’usure, de réparation, d’adaptation, d’individualité, de genèse, d’hérédité, de variation, de classification et de distribution des organismes dans l’espace et dans le temps, sont une large et méthodique exposition des vues émises pour les savants. M. Spencer y ajoute souvent du sien ; mais sa marque, en cette seconde partie de son œuvre, apparaît surtout dans l’interprétation déductive des faits. Nous ne pouvons le suivre pas à pas. Bornons-nous à exposer son hypothèse des unités physiologiques, par laquelle il tente de rattacher rationnellement aux premiers principes les faits vitaux les plus importants.

Si l’on considère les phénomènes de réparation continue consécutifs