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SUR LA MÉTHODE

DE LA

PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE




Dans la Revue des Deux-Mondes du 1er novembre 1877, M. Victor Egger a émis sur la psychologie physiologique quelques idées, auxquelles il est peut-être nécessaire de répondre afin d’éviter des confusions fâcheuses.

Le but de M. Victor Egger est de renverser les théories exprimées par M. Luys dans son livre sur le cerveau, mais l’auteur, par la même occasion, attaque la méthode expérimentale tout entière appliquée à la psychologie. De là une certaine hésitation dans sa dialectique. Il s’en prend tantôt à M. Luys, tantôt à tous les physiologistes qui font de la psychologie, en sorte que ces derniers sont rendus responsables des hypothèses de M. Luys ; procédé critique qui, pour n’être pas nouveau, n’en est pas plus recommandable. Attaquer un seul livre d’un seul auteur, pour conclure que l’application de la physiologie à la psychologie est une chimère, et qu’entre ces deux sciences il y a un abîme infranchissable, ce n’est guère faire preuve de logique ; et on a le droit de s’en étonner d’autant plus que l’auteur donne à la logique un droit absolu sur toute science.

A la rigueur, le procédé de M. Egger serait excusable, si le livre de M. Luys était le résumé complet de toutes les données de la science sur la physiologie cérébrale ; mais il est loin d’en être ainsi. Tout le monde — je parle des physiologistes — sait parfaitement que cette œuvre intéressante et originale vaut surtout par les faits anatomiques, et que la partie physiologique, très-contestée très-contestable, est absolument personnelle ; en sorte que l’auteur n’a été ni précédé ni suivi dans la voie qu’il a tracée. Certes, il est plus facile de s’étonner des hypothèses innombrables d’un livre aventureux, que d’étudier et de lire une petite partie de ce qui a été écrit sur la question par les gens compétents, Fechner, Wundt, Bain, Exner, Vulpian, Donders, Herbert Spencer et tant d’autres, si nombreux que la bibliographie ne tiendrait pas dans plusieurs pages de cette