Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
356
revue philosophique

mier volume de cette œuvre considérable et sans égale est de 1856 ; la quatrième édition de ce même volume est de 1876. L’édition de 1856 ne contient pas moins de 87 pages, et quelles pages pleines et serrées, sur l’atomisme ; l’édition de 1876 en contient 103, encore plus larges, plus pleines, plus denses. C’est un monument dans un autre monument, et cela, du reste, on peut le dire de presque tous les chapitres de cette grandiose composition. On se demande s’il sera possible d’ajouter encore quelque information, quelque texte, à cette masse, disons mieux, à cette moisson de textes et d’informations. On se demande ensuite qui donc sera jamais plus capable que M. Ed. Zeller de reconstruire chaque système avec sa physionomie individuelle et caractéristique. Aussi, et en attendant que la langue allemande soit devenue tout à fait familière à nos jeunes philosophes, qui sont d’ailleurs en grand progrès de ce côté, il importait que La philosophie des Grecs de M. Ed. Zeller fût traduite en français. Cette traduction a été entreprise par M. Émile Boutroux, ancien élève de l’École normale supérieure. Il l’a commencée à Heidelberg, où il avait été envoyé en 1869 pour compléter ses études philosophiques. Il en a écrit le premier volume sous les yeux de l’auteur lui-même, qui voulut bien revoir le travail d’interprétation d’un bout à l’autre. La publication en a été retardée pendant plusieurs années, parce que M. E. Zeller préparait du premier volume une quatrième édition, la dernière. C’est sur cette édition qu’a été faite la traduction de la moitié du premier volume : elle vient de paraître il y a trois mois et présente toutes les garanties désirables, tant à cause de la part qu’y a prise l’auteur qu’à cause de l’intelligence philosophique et de l’habileté d’écrivain du jeune interprète[1].

J’ai voulu annoncer sans retard cette première partie de la traduction de M. E. Boutroux, quoiqu’elle n’embrasse pas la philosophie atomistique. Pour celle-ci, le lecteur de l’ouvrage de Zeller devra recourir directement au texte allemand. Mais, s’il ne connaît pas encore l’auteur de l’histoire de La philosophie des Grecs, qu’il se rassure. David Strauss a déclaré que cette composition allie la science allemande à la sagacité anglaise et à l’élégance française. Ce que nous oserons dire, c’est que la langue de M. Ed. Zeller nous est presque aussi aisée à comprendre que celle de Schopenhauer, quelles que soient d’ailleurs les différences. Or l’éloge, à notre sens, n’est

  1. La Philosophie des Grecs considérée dans son développement historique, par Edouard Zeller, professeur de philosophie à l’Université de Berlin. — Première partie. La Philosophie des Grecs avant Socrate. Traduite de l’allemand par Émile Boutroux. T. Ier. Introduction générale. Les anciens Ioniens. Les Pythagoriciens. — Paris. Hachette 1877.