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analyses. — froschammer. Die Phantasie, etc.

sonnement : l’expérience dément l’hypothèse de la génération spontanée. Il faut donc admettre un principe organisateur : une idée objective, se réalisant elle-même ; une puissance (Plankraft) de disposer des éléments, d’organiser la matière, de se diriger d’après un plan, de poursuivre une fin ; quelque chose de semblable à l’activité créatrice de l’imagination subjective dans l’homme ; une force commençant par des œuvres simples, se développant par l’action, s’exerçant dans ses luttes contre les résistances, et arrivant peu à peu aux œuvres les plus complexes, aux formes les plus variées.

Puisqu’au principe qui dans la nature organique et vivante pour suit des fins et crée des formes, répond dans l’homme une puissance subjective, identique dans son essence, analogue dans sa manière d’agir, c’est toujours une seule et même puissance, qui par son propre effort se développe et se métamorphose, montant de degrés en degrés, se manifestant dans les formes individuelles les plus différentes, créant des organismes toujours plus complexes, où de plus en plus elle se concentre, jusqu’à ce qu’elle devienne visible à elle-même dans la conscience, indépendante et libre dans l’esprit humain. Comme passent et se succèdent les images dans l’âme, ce microcosme, ainsi dans le grand monde naissent et meurent, se chassant les unes les autres, les générations des êtres vivants : c’est la même loi, le même développement, le même progrès continu vers des formes plus parfaites, la même marche vers un idéal qui sans cesse recule devant la poursuite sans fin.

L’unité du principe qui dans la réalité crée les êtres vivants, qui dans l’esprit suscite le monde des idées, se manifeste surtout dans l’amour, où les deux formes de l’imagination s’unissent pour travailler à la même œuvre, où le désir obscur de la nature physique, où le secret effort de l’être pour engendrer, éclairé des lumières de la conscience, devient un élan d’une force irrésistible. Que l’artiste caché, dont les idées sont des formes vivantes, jusqu’à ce qu’elles deviennent en nous des images subjectives, se confonde avec la puissance génératrice, c’est ce que déjà nous disent obscurément les plantes, c’est ce que nous répètent les animaux, c’est ce que nous nous révélons plus clairement encore à nous-mêmes. Quand les plantes se parent de fleurs, quand elles s’ornent de couleurs éblouissantes, n’est-ce pas pour l’amour qu’elles se font si belles ? N’est-ce pas à ce moment décisif que l’animal lui aussi revêt sa robe la plus brillante ? Pourquoi l’oiseau couvert de son plus riche vêtement de plumes fait-il sa voix plus douce et met-il une caresse dans son chant ? Pourquoi, d’instinct, le plus beau court-il vers celui qui lui ressemble ? Et chez l’homme, à l’heure où la jeunesse est dans sa fleur, où l’être dans sa force éprouve le besoin de se délivrer de la vie surabondante qui l’oppresse en la communiquant, ce désir inconscient de la puissance vitale ne devient-il pas la crise décisive du drame de l’existence ? l’idée maîtresse qui met l’unité dans toutes nos idées ? l’unique sentiment qui s’emparant de toutes