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de Harms : « Si nous réfléchissons que Harms voit dans les doctrines pratiques de Kant le résultat le plus important de sa philosophie, et soutient cependant que l’Éthique de Fichte est supérieure à celle du sage de Königsberg et la développe avec succès, nous nous expliquerons qu’il se refuse à égaler un Herbart et un Schopenhauer à Schelling et à Hegel : ces derniers partagent avec Fichte le mérite d’avoir continué l’idéalisme de Kant. Mais ils ont fini par abandonner le point de vue exclusif auquel Fichte se plaçait…, celui de l’éthique et de l’idée de la liberté. Il faut en dire autant, surtout des penseurs qui les ont suivis ; et voilà pourquoi Harms méconnaît l’originalité de la plupart d’entre eux ; pourquoi il n’a guère qu’un regard de dédain pour les philosophes des trente dernières années. »

Les prédécesseurs de Copernic dans l’antiquité : Recherches historiques de Schiaparelli, directeur de l’observatoire de Milan ; analyse par Schaarschmidt. L’ouvrage du savant astronome éclaire d’un jour nouveau les antécédents historiques de la grande conception de Copernic, et mérite, par l’exactitude et l’importance des informations, d’occuper une place à côté des travaux de Bœckh et de Gruppe sur le même sujet. Il résulte des savantes recherches de Schiaparelli, que c’est à un Pythagoricien obscur, à un contemporain d’Alexandre-le-Grand, dont le nom ne nous a pas été conservé, que reviendrait la gloire d’avoir définitivement trouvé l’explication des mouvements apparents et compliqués des planètes dans l’hypothèse héliocentrique, que fit triompher plus tard Copernic.

Après la reproduction du discours prononcé par M. Renan, à l’inauguration de la statue de Spinoza, la 3e livraison contient une analyse étendue du professeur Franz Hoffmann sur le récent ouvrage de J. Frohschammer : Die Phantasie als Grundprincip der Weltprocesses (Munich, 1877). Le critique reproche à l’auteur le vague dans lequel il laisse la définition du principe nouveau, qu’il veut substituer à l’idée de Hegel, à la volonté de Schopenhauer. La Phantasie est-elle un principe formel, ou un principe réel, ou les deux à la fois ? Est-elle un attribut de l’absolu, ou la substance même de l’absolu ? Schaarschmidt juge sévèrement les appréciations historiques de l’auteur. Il semble, selon lui, que Froschammer n’ait étudié que superficiellement les ouvrages de Kant, de Schelling et surtout de Baader, dont il reproduit souvent les idées, mais en les dénaturant. Il ne peut s’empêcher de sourire de la prétention naïve, avec laquelle le philosophe de Munich se présente comme le seul penseur véritablement original que l’Allemagne ait produit depuis Hegel. En résumé, bien qu’il ne manque pas dans son livre de vues ingénieuses, on ne saurait le considérer que comme une grossière contrefaçon (eine Caricatur) des doctrines de Schelling et de Hegel.